Abstract FR:

Les plang (bulang), une population austro-asiatique (mon-khmere) d'environ 85. 000 personnes, sont des agriculteurs sur brulis vivant dans le sud-ouest de la province du yunnan. Cette etude se concentre sur les habitants de la montagne des plang, une region auparavant integree au sein du royaume tai lu des sipsong panna. Une analyse ethno-historique demontre comment, a l'echelle des communautes villageoises plang, le controle du regime feodal tai s'est realise en superposant aux prerogatives traditionnelles du maitre du culte aux divinites tutelaires des agents infeodes par le pouvoir central et reconnus de ce fait comme les nouveaux detenteurs de l'autorite. On y constate l'apparition d'une stratification lignagere resultant de la transmission de privileges hereditaires, un principe encore predominent aujourd'hui, meme si les fonctions exercees par les chefs hereditaires sont essentiellement rituelles. La politique centralisatrice tai a ete stabilisee et renforcee a travers l'instauration d'institutions bouddhiques suivant une structure hierarchique. L'implantation de monasteres dans les villages plang s'accompagna de l'imposition d'un calendrier bouddhique et de l'harmonisation des cultes et croyances populaires. Pratiques therapeutiques et astrologiques, rites agraires et fetes bouddhiques sont examines par l'etude du rapport entre divinites locales et culte bouddhique en tant qu'enjeu identitaire. Si l'indianisation des plang leur conferait des avantages politiques sous le regime tai, dont le droit de gouverner les ethnies tibeto-birmanes voisines, la situation s'est renversee depuis la prise de pouvoir des communistes chinois en 1953.