thesis

Islam et rationalité économique : de l'éthique musulmane à la finance islamique : application au cas de la Turquie

Defense date:

Jan. 1, 2004

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Institution:

Aix-Marseille 2

Disciplines:

Abstract EN:

The Islamic economic concept assumes the existence of an abstract model based on values forming an economic code of ethics inspired by Islam or that of a concrete economic system of an Islamised economy, which works according to the precepts of the Charia. From the values and prescriptions contained in the Koran and the Sunna, legal advisors of the Muslim faith have built a philosophy or an economic code of morals, which has to guide individual behaviours of consumption, production, investment and saving and which proposes a normative model of Muslim homo oeconomicus, endowed with a specific rationality linked to religious values. This conceptualisation has had little effect on the true economic structures, in view of the macroeconomic indicators observed in Muslim countries and the analysis, following Max Weber's visionary idea, of the assumption of a "sense of Muslim capitalism". The Islamic economic theory, and the forerunners to contemporary ones, seems to us to be more of an ideology or a moralisation of capitalist economy than a revival of thought. Taking its source in the Koranic ban of the ribâ, translated as interest or usury, Islamic finance seems, in its objectives and instruments, in conformity with an Islamic economic code of ethics. The experience of the said "Islamic" banks, confirmed by the example of the Special Finance Companies in Turkey since the 1980s, does not represent an alternative to the capitalist system: while both in competition with and complementary to conventional banks, they enable the mobility of practicing Muslims' savings and are the vector of an Islamisation of capitalist economy, rather than the alternative to a loan using the interest or the basis of an economic system of a new type.

Abstract FR:

Le concept d'économie islamique suppose l'existence d'un modèle abstrait reposant sur des valeurs formant une éthique économique inspirée de l'Islam ou celle d'un système économique concret d'une économie islamisée, qui fonctionnerait selon les préceptes de la Charia. A partir des valeurs et des prescriptions contenues dans le Coran et la Sunna, les juristes musulmans ont construit une philosophie ou une morale économique, qui doit guider les comportements individuels de consommation, de production, d'investissement ou d'épargne et qui propose un modèle normatif d'homo oeconomicus musulman, doté d'une rationalité propre liée aux valeurs de la religion. Cette conceptualisation a eu peu d'effets sur les structures économiques réelles, au vu des indicateurs macroéconomiques observés dans les pays musulmans et à l'analyse, à l'instar de Max Weber, de l'hypothèse d'un " esprit du capitalisme musulman ". La théorie économique islamique, des précurseurs aux contemporains, nous semble être davantage une idéologisation ou une moralisation de l'économie capitaliste qu'un renouveau de la pensée. Prenant sa source dans l'interdiction coranique du ribâ, traduit par intérêt ou par usure, la finance islamique parait conforme, dans ses objectifs et ses instruments, à une éthique économique islamique. L'expérience des banques dites " islamiques ", confirmée par l'exemple des Sociétés de Finance Spéciale en Turquie depuis les années 1980, ne représente pas une alternative au système capitaliste : à la fois concurrentes et complémentaires des banques conventionnelles, celles-ci permettent de mobiliser l'épargne de musulmans pratiquants et sont le vecteur d'une islamisation de l'économie capitaliste, plutôt qu'une alternative au prêt utilisant l'intérêt ou le fondement d'un système économique d'un nouveau type.