Le karaté de Maître Kamohara : ethnologie d'un groupe de karatekas de la ville de Chartres entre 1990 et 1996
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
From 1990 to 1996 we undertook an ethnological study in the town of chartres of a group of karatekas (karate students), under the leadership of a japanese master, tsutomu kamohara, 6th degree in karate, an expert of his style. He is the head instructor for europe, which he oversees from chartres. His exercises and training follow the federal structure even though he disagrees with their approach. He follows a japanese tradition through the precepts of master yamada who teaches the shito-ryu shukokai gishinkan style in japan. Through this connection, the students from chartres are immersed in the japanese budo (martial arts), that continues from the japanese middle ages with the recurring image and mythology of the samurai. The relationship between the samurai and shintoisme and zen buddhism are well known to the extent that a question can be asked about the chartres students and religious beliefs. In japan, the dojo where karate is practiced is considered to be a space connected to the sacred, the divine, a place of initiation and transmission of knowledge. When we enter the dojo of chartres, observing the activities reinforces the sense of a spiritual quest (aiming for the black belt and the powers associated with it) and a close relationship to the divine. This ritual of opposites, introduced by a japanese master, is integrated, lived and carried on by the karate students of chartres. It suggests that a prior mythical basis exists and encourages the wish to be a member of the dojo of this japanese master. Otherwise how can we explain the willingness of these people to abandon the cathedral where their families found spiritual guidance and refuge for generations and more and more convinced, practice karate in a sacred place.
Abstract FR:
Dans la ville de chartres, entre 1990 et 1996, nous avons entrepris l'ethnologie d'un groupe de karatekas, dirige par un japonais, tsutomu kamohara, 6e dan de karate, expert dans son style. Ce japonais, chef instructeur pour l'europe, d'ou il rayonne a partir de chartres, tout en affiliant ses karatekas a la structure federale contestait neanmoins la legitimite de la federation francaise qui defend une ligne sportive et inscrivait son groupe dans la tradition du karate japonais en le liant a maitre yamada qui dirige au japon le style shito-ryu shukokai gishinkan. Par cette filiation, les chartrains karatekas etaient immerges dans le budo (arts martiaux) japonais, survivance du japon feodal dont l'image recurrente et mythifiante s'incarne dans les samourai. Or les rapports des samourai avec le shintoisme et le boudhisme zen sont assez connus pour que la question des rapports des chartrains avec la sphere du religieux fut posee. Apres tout, le dojo ou se pratique le karate est au japon un lieu en rapport avec le sacre, le divin, lieu ou se jouent l'initiation et la transmission du savoir. En penetrant dans le dojo de chartres, l'observation des rites renforcait l'evidence d'un parcours initiatique, d'une veritable quete (la recherche de la ceinture noire avec les pouvoirs qui lui sont associes) et d'un lien etroit avec le divin. Cette ritualite des antipodes, introduite par un maitre japonais, integree, vecue et reproduite par les chartrains supposait qu'un fond mythique exista qui precede et nourrisse le desir de frequenter le dojo de ce maitre japonais. Car comment expliquer autrement que des chartrains, dont la desertion de la cathedrale, ou se vivaient les sentiments religieux des generations precedentes et cela depuis un millenaire, est de plus en plus averee, pratiquent le karate dans un lieu sacre.