Les sources du vertige : ethnologie de fragments de vies en pays tupuri (Cameroun et Tchad)
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis offers an anthropological overview of how the Tupuri live through interacting with others; it details the challenges this entails, and the minimal conditions individuals must meet to make their life bearable. I concentrate only on those aspects of Tupuri social life that, following an in-depth 18-month study, allowed me to better understand what their members are destined to face in life. The main things people make choices about, and that allow one to predict how their lives will develop are diverse: performing annual rituals while enjoying themselves, finding ways to escape from the heavy burden of agricultural work, using a diversity of skills to provide a livelihood, earning a place among siblings, dealing with marriage, coping with daily material concerns, putting up with gossip-prone neighbors and finding ways to break out of one’s immediate locality. Because my aim is to provide a vivid picture of life in Tupuri country, I have chosen to focus on the diversity of situations and of people, in different places and on different timescales. Voluntarily adopting a fractal perspective, I seek to grasp the inherent diversity of Tupuri life with all its contradictory aspects, all the while identifying a number of structural recurrences. I will examine how the lives of the persons concerned – their behaviors, their perceptions of others – collide with each other, revealing the difficult balancing act that each one pursues, this being a skill they must develop in order to assume their social responsibilities and to find their proper place among their family, while trying at the same time to achieve their own personal ambitions and to avoid getting lost.
Abstract FR:
Cette thèse propose un regard anthropologique sur le « vivre en interaction », sur les défis que les femmes et les hommes tupuri doivent relever tout au long de leur existence et sur les conditions minimales pour la supporter. Je n’évoque que les aspects qui m’ont aidé à comprendre, au terme d’une enquête ethnographique de dix-huit mois, ce que les individus ont à traverser au cours de leur vie. Ainsi, accomplir les prérogatives rituelles tout en s’amusant, se défaire de la contrainte du travail agricole, jouer de la diversité de ses compétences pour se créer un gagne-pain, négocier sa place dans sa fratrie, s’accommoder de son mariage, supporter les tracas du quotidien, endurer les commérages qui prolifèrent dans le voisinage et trouver des solutions pour s’aérer hors de son quartier sont autant d’enjeux pour lesquels les choix faits peuvent être déterminants. Parce que ma thèse est portée par le désir de donner une image incarnée de la vie en pays tupuri, j’ai choisi de miser sur la diversité des moments et des personnes ; en différents lieux et sur différentes temporalités successivement. Par ce caractère fractal donné à l’ouvrage, je cherche à prendre à bras le corps la diversité inhérente à la vie humaine dans toutes ses contradictions, en même temps qu’à dégager certaines récurrences plus structurelles. Partir de l’entrechoquement des histoires, des comportements, des perceptions des uns et des autres me permet de conclure sur l’équilibrisme que tous expérimentent ; sur cette compétence qu’ils doivent développer pour assumer leurs charges et se garantir une place parmi les leurs tout en parvenant à évoluer personnellement, ou à ne pas trop se perdre en chemin.