Abstract FR:

Dans les villages fluvio-lacustres où la vie économique " respire" au rythme de l'eau, les fang ont dû s'adapter à l'"art du parogage", condition nécessaire à la vie sur les bords de l'ogooué et des lacs. L'omniprésence de la pirogue dans tous les procès de production traduit le rôle primordial que joue ce moyen de transport dans les villages souvent enclavés. Si, au départ, la pirogue n'était propulsée que sont la pagaie et la perche, le moteur hors-bord qui fut introduit avec le colonalisme dans les annnées 1950 va profondément modifier les conditions de navigation traditionnelle et par la même les rapports de l'homme avec son embarcation. Certes, "le mariage de la pirogue et du moteur" s'effectua sans trop de difficulté. Cependant, la vulgarisation du nouvel outil fut lente à cause du coût élévé de son prix d'achat et des problèmes liés à l'entretien et à la maintenance des moteurs. En dépit de cet état des choses, les incontestables avantages socio-économiques notamment la victoire sur l'immobilisme et l'isolement ; l'amélioration de la production et la commercialisation des produits locaux (agricole, pêche, gibier) vont obliger les villageois à faire des économies afin de se procurer un moteur hors-bord. On notera donc progressivement un accroissement du nombre de possesseurs de pirogue à moteur dans les villages de l'ogooué et des lacs. Le développement de cette propulsion motorisée va au fil des années modifier les pratiques socio-économiques traditionnelles. D'une part, l'intensification de la monétarisation de l'économie rurale va transformer les rapports sociaux en rapports marchands, développant ainsi individualisme. D'autre part, le nombre de plus en plus important des moteurs hors-bord va entraver l'écologie fluviale en favorisant une pêche intensive en toute saison, tout en polluant les eaux avec les rejets d'huile et de carburant.