Lutter en ville au Soudan : éthnographie politique de deux mouvements de contestation : Girifna et Sudan Change Now
Institution:
Paris 8Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis addresses the transformations of urban militant action in a situation of authoritarian power through the study of two protest movements of recent constitution in Sudan: Girifna and Sudan Change Now. These two movements, of a novel nature, have since 2010 marked themselves as major players of contestation through protean and innovative modalities of action in a context informed by instability: the splintering of the state of Sudan and an unparalleled situation of economical crisis. The birth of these groups, as in diverse parts of Africa and the Middle East, is worthy of raising interrogations surrounding the nature of the protest engagement mutations within the “global situation” and the possibility to organize dissent in the face of authoritarian structures of power. Through long term ethnographic research, this study aims to elucidate how these structures of resistance form on the micro-level, in the context of familial relationships, neighbourhoods and class networks and how they manifest in the form of an urban youth counter culture. This thesis interrogates how these movements designate and produce the boundaries and horizons of the militant city; as well as how they structure their action on the local and international levels. Activists and protest movements are part of the multidimensional processes of the current phase of globalization while undergoing its utmost unequal aspects. In addition, this work analyses urban resistance not only in relation to the state and its repressive actions but also in terms of its embedding in political structures that are visible through the social hierarchies and processes of domination that these militant groups are paradoxically trying to challenge as much as they are contributing to produce them.
Abstract FR:
Cette thèse analyse les transformations du militantisme urbain en situation autoritaire au travers de l’étude de deux mouvements de contestation de constitution récente au Soudan : Girifna et Sudan Change Now. Ces organisations d’un nouveau type sont devenues depuis 2010 des acteurs majeurs de la contestation grâce à des actions protéiformes et innovantes dans un contexte socio-politique marqué par la séparation du Soudan du Sud et une crise économique d’ampleur inégalée. La naissance de ces groupes, comme dans d’autres pays d’Afrique et du Moyen Orient, interroge sur les mutations de l’engagement contestataire en « situation globale » et sur la possibilité d’expression d’un dissentiment explicite dans des configurations autoritaires de pouvoir. Au travers d’une ethnographie de longue durée, cette recherche montre la manière dont ces rébellions se construisent au plus proche, dans l’entrelacs des réseaux de solidarité familiale, de quartier, de classe et en s’insérant dans les contre-cultures de la jeunesse urbaine. Nous interrogeons la manière dont ces mouvements de contestation, tout en dessinant et produisant les frontières et les représentations de la « ville militante », articulent leur action locale et internationale. Les militants et les mouvements participent aux processus multidimensionnels de la phase actuelle de la globalisation tout en subissant ses aspects les plus inégalitaires. Par ailleurs, nous avons analysé la contestation urbaine non seulement dans son interaction avec l’État et la répression, mais aussi dans son imbrication dans les structures politiques qui s’expriment au travers des hiérarchisations sociales et des processus de domination que ces groupes militants contribuent paradoxalement à produire autant qu’à contester.