Fiqh, société et pouvoir : étude des soucis et préoccupations socio-politiques des théologiens-légistes maures (fuqahā) à partir de leurs consultations juridiques (futāwā) du XVIIème au XXème siècle
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
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Abstract FR:
En présentant ce travail on peut dire qu'il s'agit d'une étude à double facette : juridique et sociale. L'aspect juridique a constitué l'ossature du travail. Il traite des questions vitales aussi bien pour l'individu que pour la collectivité. Il s'intéresse plus particulièrement aux accommodements et aux modifications auxquels a été assujetti le fiqh par les juristes maures dans le cadre de l'adaptation de celui-ci aux conditions particulières du pays. Il faut noter à cet égard le paradoxe de base que constitue d'une part, la vigueur de l'interprétation "ijtihād" chez les fuqahā maures et son efficacité dans la constitution de leur jurisprudence et d'autre part leur opiniâtreté à s'opposer à toute velléité d'innovation en dehors du cercle du mimétisme (taqlīd) et du plagiat (ittibā'). De ce fait les fuqahā ont joué un rôle primordial dans l'expression des soucis de la société et dans l'orientation des comportements de la collectivité. L'aspect social des textes juridiques analysés illustre la dimension proprement anthropologique du travail ici entrepris. L'analyse des fatāwā du corpus, nous amène à penser que les fuqahā ont trouvé le cadre tribal à leur convenance. Il nous semble que la permanence et la prégnance du lien tribal dans la société maure ont été une constante de l'histoire. Les théologiens actuels, n'ont pas remis en cause cet état de fait. Ils paraissent d'ailleurs privilégier le rattachement tribal à l'allégeance à l'Etat autant par conformité à la tradition, que par crainte de se rendre complice de toute "innovation blâmable" (bidʿa). D'autant plus que la tribu continue à remplir des rôles dévolus théoriquement à l'Etat moderne qui fait cependant preuve de démission et d'incapacité.