Ethnographie des kumpanji de Provence : rencontres, séparations et retrouvailles chez les Roms "Hongrois"
Institution:
Aix-MarseilleDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis studies the ways the Roma of Provence, also known as « Hungarian » Roma, get organized by forming numerous and transient kumpanij. Since their arrival in France at the end of 19th century, kumpanij have been frequently composed, segmented and reconfigured in new places: at each stopover, a romani world is recreated with different people and a new distribution of the layout of the caravans. Places, which are fully-fledged elements of those « collectives », are most often spaces that are publicly or privately owned by gadje: dedicated caravan sites for travellers, illegal camp, private land; the type of space they are settling on largely determine the embedding of the Roma inside the territory of Provence. Through the analysis of the composition of the kumpanji, their members (Part I), their places (Part II) and their rhythms (Part III), this thesis highlights the remarkable resistance by which the Roma of Provence have been reinventing their ways of living together for more than one hundred and fifty years, despite continuous discriminatory policies – and, even, genocidal state policies during German Occupation of France. Two specific methodical tools are being used: an ethno-genealogical reconstruction that shows over time that kinship relationships are far from sufficient to explain the forms of the kumpanij, and an ethnographic perspective rooted in a shared life with Roma women that gives new access to the symbolic and political dimensions of the kumpanji.
Abstract FR:
Ce travail porte sur les formes politiques des collectifs des Roms de Provence, dont les premières kumpanji sont arrivées en France à la fin du 19e siècle. Les kumpanji se composent, se segmentent et se reconfigurent fréquemment dans des lieux nouveaux : à chaque halte, un monde romanès se recrée avec des personnes différentes et une redistribution de l’agencement des caravanes. Les lieux, éléments à part entière des collectifs, sont le plus souvent des espaces qui sont des propriétés des gadjé, publics ou privés : aires d’accueil de gens du voyage, places, terrains privés ; ils déterminent pour une grande part l’encastrement des Roms de Provence. À travers l’analyse de la composition des kumpanji, de leurs membres (Partie I), de leurs lieux (Partie II) et de leurs rythmes (Partie III), cette thèse met en évidence la remarquable résistance par laquelle les Roms de Provence réinventent leurs collectifs depuis plus de cent-cinquante ans malgré des politiques étatiques continument discriminatoires, – et génocidaires pendant le temps de l’Occupation. Elle utilise deux outils méthodiques spécifiques : une reconstruction ethno-généalogique qui montre sur la longue durée que les relations de parenté sont loin de suffire à expliquer les formes des collectifs, et un point de vue ethnographique ancré dans les cercles des femmes qui donne un nouvel accès à la vitalité et à l’art politique des kumpanji.