Abstract FR:

Ce pèlerinage est considéré comme l'une des plus anciennes œuvres de dialogue islamochrétien en France. Dès 1954, Louis Massignon « greffait » cette rencontre sur un « pardon » breton dédiait aux Sept Dormants d'Éphèse, aussi connus en islam sous le nom de Ahl al-Kahf (Gens de la Caverne). Une approche historique permet de suivre la fabrication du pèlerinage qui apparaît comme l'« hétérotopie » de Massignon, son utopie localisée dans l'espace. Puis, l'ethnographie révèle une nouvelle facette du phénomène des lieux saints partagés. Bien que pensé pour le dialogue, ce pèlerinage n'est pas exempt d'ambiguïtés ni de tensions, y compris envers l'islam (une religion invitée dans un pèlerinage inventé). C'est aussi un lieu hétérogène où l'on croise : autochtones, militants du dialogue, « massignoniens », mais aussi des humanistes, touristes, néo-Celtes et autres New-Agers. Après avoir été « déverrouillé » par Massignon, ce lieu ressort comme l'épicentre d'un « pèlerinage inclusif ».