"Les fils de Manco" ou la fabrique des ancêtres : organisation sociale et construction politique de l'identité dans le Cuzco préhispanique (Pérou)
Institution:
Paris 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
For decades, the Inca dynastic history collected by Spanish chroniclers has been a subject of dispute : should Cuzco sovereigns be considered historical persons, or the mythical expression of the social, political and religious organization of the imperial capital ? Though divergent, these various interpretations could find a common support in the existence of a set of social groups supposed to gather the descent of the successive sovereigns, which formed the core of cuzquenian society. This study shows that unlike what has been thought, these aristocratic groups did not form an homogeneous reality, but were divided by an internal dichotomy into two types of groups. Widely based on original documents, this work tries to bring to the fore the importance of this dichotomy in various fields of the social organization of prehispanic Cuzco, also attempting to identify the heterogeneous components of cuzquenian society with already known andine social forms. Finally, the significant gap between the social structure and the history from which it supposedly originated allows to consider the dynastic narrative as a political construction, which significance still needs to be cleared up by the investigation of its internal logic and a detailed analysis of the origin myth that formally opens it, where lies a definition of the cuzquenian identity and the Inca status.
Abstract FR:
Depuis plusieurs décennies, l’histoire dynastique inca recueillie par les chroniqueurs espagnols est l’objet d’un débat : faut-il considérer les souverains de Cuzco comme des personnages historiques, ou bien comme l’expression mythique de l’organisation sociale, politique et religieuse de la capitale impériale ? Bien que divergentes, ces différentes interprétations trouvaient un appui commun dans l’existence d’un ensemble de groupes sociaux censés rassembler les descendants des souverains successifs, et qui constituait le noyau de la société cuzquénienne. Cette étude montre que contrairement à ce que l’on pouvait croire, ces groupes aristocratiques ne constituaient pas une réalité homogène mais se trouvaient marqués par une dichotomie interne distinguant deux types de groupes différents. S’appuyant sur une documentation en partie inédite, ce travail s’attache à mettre en évidence la prégnance de cette dichotomie dans différents champs de l’organisation sociale du Cuzco préhispanique, tentant par ailleurs de ramener les composantes hétérogènes de la société cuzquénienne à des formes sociales andines connues. A terme, l’écart significatif entre la structure sociale et l’histoire dont elle était censée être le produit permet d’envisager le récit dynastique comme une construction politique dont il s’agit de déterminer la vocation, en s’appuyant sur la recherche de sa logique interne et sur une analyse minutieuse du mythe d’origine qui en constitue l’acte d’ouverture, où se jouent simultanément une définition de l’identité cuzquénienne et du statut d’inca.