La resegmentation du marché du travail japonais depuis le début des années 1990 : inégalités de sécurité de l'emploi, hétérogénéité des firmes et facteurs financiers
Institution:
Paris, EHESSDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The general ambition of this thesis is to contribute to the understanding of the contemporary transformations of the national wage labor nexus in a comparative perspective. For this purpose, the evolution of the japanese wage labor nexus since the beginning of the crisis in 1992 is analyzed and being compared to studies of the american and european (mainly french) cases. Using a wide range of methodologies (statistical analysis of the administrative survey, case studies at the micro and industry level, historical analysis, formalization, panel econometric analysis), this study led to the following results. Since the early 1990s, one observes in Japan an increasing trend of inequalities in employment security, mainly due to the increasing unemployment rate. The increasing trend of atypical employment and the low level of external job mobility also play a role, but to a less extent. An increasing trend of wage inequalities is associated to these inequalities in employment security, as a consequence of the change in the incentive scheme associated to the employment security (from seniority wage to efficiency wage) in a context of non negligible unemployment risk. These employment security inequalities are less related to the individual characteristics (sex, age, education) than to the heterogeneity of the firms. More precisely, the basis of the employment security inequalities lies on the opposition between two main types of productive organizations, the external flexibility and the productive stability, which are present within a same industry, for firms of equivalent size. This point contradicts the widely shared idea of the "end of lifetime employment in Japan". Moreover, this heterogeneity of the firms already existed before the crisis, mainly related to the size and the industry. It has been reinforced since the beginning of the crisis, according to a new criterion, related to the financial structure of the firm, which can be summarized under the label corporate governance.
Abstract FR:
L'ambition générale de cette thèse est de contribuer à la compréhension des transformations contemporaines des rapports salariaux nationaux dans une perspective comparative. Pour ce faire, l'évolution du rapport salarial japonais depuis le début de la crise en 1992 est analysée en étant confrontée à des études portant sur les configurations américaines et européennes (essentiellement française). Sur la base d'une grande variété de méthodes (analyse statistique des enquêtes administratives, études de cas micro et sectorielles, analyse historique, formalisation, analyse économétrique en panel), les résultats suivants ont été obtenus. Depuis le début des années 1990, on observe au Japon une montée des inégalités de sécurité d'emploi, principalement en relation avec la montée du chômage. La montée du travail atypique et le faible niveau de mobilité externe contribuent également aux inégalités de sécurité de l'emploi, mais dans une moindre mesure. Ces dernières s'accompagnent d'inégalités salariales croissantes, par suite d'une transformation du mécanisme incitatif associé à la sécurité de l'emploi (du salaire à l'ancienneté au salaire d'efficience) dans un contexte où le risque de chômage devient non négligeable. Ces inégalités de sécurité de l'emploi tiennent moins aux caractéristiques individuelles (sexe, age, diplôme) qu'à l'hétérogénéité des firmes. Plus précisément, la base des inégalités de sécurité de l'emploi repose sur l'opposition entre deux types principaux d'organisation productive, la flexibilité externe et la stabilité productive, que l'on rencontre toutes deux au sein d'un même secteur et pour des firmes de taille comparable. Ce point contredit au passge l'idée largement répandue de la "fin de l'emploi à vie au Japon". De plus, cette hétérogénéité des firmes préexistait à la crise, notamment suivant les critères de la taille et du secteur. Elle s'est renforcée depuis le début de la crise, principalement sous la forme d'une nouvelle ligne de clivage, liée à la structure financière des firmes, qu'on peut résumer en terme de corporate governance.