thesis

Les bâtisseurs de ruines : l’architecture, le pouvoir et le temps à l’aube de la Révolution Néolithique (Levant, Précéramique)

Defense date:

Dec. 20, 2019

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Institution:

Paris 10

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Abstract EN:

As the last Ice Age reached a close, the emergence of sedentary life in the Levant coincided with the rise of an early monumentality. As early as the 10th millennium in Göbekli Tepe, Jericho and other “preceramic” sites, this collective and massive architecture, sometimes endowed with baroque symbolism, played a central role in the development of new modes of dwelling. But because this monumentality suggests a more complex organization than expected before the establishment of agro-pastoral economy, it also thwarts the archaeological quest for a linear progression of socio-political systems. In contrast to these evolutionary readings – or their convenient reversal – this dissertation examines the phenomenon for itself. Based on an anthropological analysis of architectural practices, it demonstrates that this first Neolithic period, up to the famous achievements of Çatalhöyük in the 7th millennium, was characterized by the implementation of a distinct relationship to time and territory. Built upon a recurring grammar, ritually destroyed to be preserved within the tells that formed underneath the buildings, these constructions concentrate some of the political, memorial and ecological principles that structured these contexts in their own duration. It follows that the impressive ruins that punctuated the period appear less as the remains of an impartial past than as expressions of these societies’ historicity. While this approach is fundamental to understanding the collectivities that domesticated plants and animals in the early Holocene, it also provides an opportunity to reflect on the connections between anthropology, archaeology and architecture.

Abstract FR:

Au sortir du dernier âge glaciaire, l’émergence de la sédentarité au Levant s’accompagna de l’essor d’une monumentalité précoce. Dès la fin du Xe millénaire à Göbekli Tepe, Jéricho et sur d’autres sites « précéramiques », cette architecture collective, massive, au symbolisme parfois baroque, joua un rôle central dans l’élaboration de nouvelles modalités de l’habiter. Mais parce qu’elle suggère, avant même l’instauration d’une économie agropastorale, une organisation plus complexe qu’escomptée, cette monumentalité vient également contrarier la quête archéologique d’une progression linéaire des systèmes sociopolitiques. À rebours de ces lectures évolutionnistes — ou de leur renversement de circonstance — cette thèse aborde ce phénomène pour lui-même. À partir d’une analyse anthropologique des pratiques architecturales, elle met en évidence la mise en oeuvre d’un rapport au temps et au territoire qui caractérise ce premier Néolithique jusqu’aux célèbres réalisations de Çatalhöyük, au VIIe millénaire. Construits selon une grammaire récurrente, rituellement détruits pour être préservés au sein des tells qui se forment alors sous les établissements, ces bâtiments concentrent en effet certains des principes politiques, mémoriels et écologiques qui structurent ces contextes dans la durée. Dès lors, les impressionnantes ruines qui ponctuent la période apparaissent moins comme les vestiges d’un passé impartial que comme l’expression d’une historicité propre. Si la démarche est essentielle pour comprendre les collectifs responsables de la domestication des plantes et des animaux au début de l’Holocène, elle offre aussi l’occasion d’une réflexion sur les liens entre anthropologie, archéologie et architecture.