Les fondements de l'économie du bien-être et la révision de l'utilitarisme : l'héritage de Henry Sidgwick
Institution:
Paris 1Disciplines:
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Abstract EN:
The purpose of this thesis is to provide an explanation of the appearance of welfare economics within economic science. The economical and philosophical works of Henry Sidgwick show that this author brings in his utilitarianism in the analysis of state intervention in a different way than Jeremy Bentham or John Stuart Mill. Sidgwick aims at showing that even if we adopt the hypothesis of an economic agent who still remains the "better judge of his own interest", we cannot demonstrate that the aggregated result will be the maximisation of overall utility. Hence, in numerous cases, even if the individuals are, as is commonly assumed, enlightened self-interest, we can show how individual economic interactions fail to achieve a socially desirable outcome. The study of Sidgwick's reappraisal of utilitarianism allows to understand some of his famous contemporaries. Concerning marshall, the divergences between these two cambridgians are due to the latter's adoption of an evolutionary view of man. This theory propounded by spencer was to be vigorously attacked by Sidgwick. But Sidgwick's influence can be extended to g. E. Moore, J. M. Keynes and Edgeworth who seems to have been his disciple.
Abstract FR:
Cette thèse, centrée sur la pensée de Henry Sidgwick, s'intéresse aux débats qui ont permis à l'économie du bien-être de se constituer en discipline autonome au sein de la théorie économique. Les travaux de Sidgwick en économie et en philosophie morale montrent que l'auteur est un des premiers économistes à proposer une analyse de l'intervention de l'état sur la base du principe utilitariste. Ceci lui permet de prendre en compte l'efficacité économique et la justice distributive. La démarche employée par Sidgwick pour justifier les ingérences étatiques dans le domaine économique consiste en une étude des conséquences de l'adoption de l'hypothèse d'égoïsme éclairé des agents. L'auteur parvient ainsi à montrer que les décisions individuelles égoïstes sont le plus souvent incompatibles avec l'intérêt général, renouant ainsi avec la question des limites adéquates de la sphère d'intervention de l'état déjà abordée par Bentham et par Mill. Toutefois, la démarche de Sidgwick est étayée par une compréhension originale des comportements individuels. En effet, Bentham et Mill pensent que l'individu demeure le meilleur juge de ses propres intérêts. En dehors de ces cas, les interventions autoritaires de l'état ne sont pas justifiées du point de vue utilitariste. Or, pour Sidgwick, même des individus "sains de corps et d'esprit" ne sont pas, dans de nombreux cas, les meilleurs juges de leurs intérêts. L'adoption de l'hypothèse individualiste ne permet donc pas de déboucher sur un résultat socialement désirable. Les apports de Sidgwick à l'utilitarisme permettent de comprendre les travaux de ses contemporains. Il s'avère que les divergences avec Marshall sont dues à l'évolutionnisme spencérien qui constitue la source d'inspiration de ce dernier, en éthique et en économie. Son influence s'étend aussi à G. E. Moore et à J. M. Keynes. Sidgwick a suscité les critiques de Spencer pour qui l'évolution tend à favoriser le développement des sentiments égoïstes raisonnables qui assureront la convergence entre intérêts privés et collectifs. Enfin, l'influence sur Edgeworth est la plus importante car ce dernier admet l'idée que les principes d'action égoïste et utilitariste sont irréductibles l'un à l'autre et montre que la concurrence entre individus égoïstes doit être supplée par l'arbitrage utilitariste.