L'enfant, l'écolier et le citoyen : apprendre à appartenir et à participer. La socialisation des 4-7 ans à l'école primaire publique en Angleterre et en France
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This research deals with the link between children's experience of school and citizenship. It rests on the assumption that the framework of belonging and participation of individuals to the social groups they belong to are embedded in school, which is considered as a prefiguration of society. A historical overview and field research in England and France highlights two contrasting national models of citizenship. The education systems either side of the Channel were developped in order to discharge different missions. The French Republican ideal of national integration and equal participation can be contrasted to the more holistic English education tradition with its emphasis on the whole child. Participant observation was carried out in the early school years (5-7 years old pupils) in socially underprivileged areas. The transmission of norms of behavior and of patterns of thinking, doing and feeling specific to each country was studied. The way in which school deals with a child's body, his or her mind and relations to others defines the sphere of action of school as an institution : its legitimate sphere of intervention encompasses different aspects of the child in England more than it does in France. The socialisation of the schoolchild is analysed at two levels - as the integration of the child into his/her class and school, and as a preparation for the integration of the future adult in society. At the first level, the experience of schooling leads to the construction of idealtypes which can be applied to both countries. At the second level, two contrasting models emerge. In England, the nation does not single itself out by a specific mode of belonging, but by one which is analogous to the mode of belonging to other communities. The nation thus can be placed in contiguity with other communities. In France, citizenship rests on the distinction between the public and private spheres and a distancing of personal chracteristics.
Abstract FR:
Cette thèse porte sur le lien entre l'expérience scolaire et la citoyenneté. Elle repose sur le postulat que l'école, conçue comme une préfiguration de l'espace social, véhicule des modèles d'appartenance et de participation de l'individu à son espace social qui sont propres à chaque société. Une étude historique et des observations sur le terrain en Angleterre et en France font ressortir deux modèles de citoyenneté contrastés. Les systèmes publics d'enseignement de ces deux pays se sont construits pour s'acquitter de missions distinctes. L'idéal républicain français d'intégration nationale et d'égalité des chances s'oppose au modèle holiste anglais qui attache une importance particulière à la formation de l'individu sous toutes ses facettes ("the whole child"). Les observations participantes portent sur des écoliers au commencement de leur scolarité (de quatre à sept ans), dans des zones socialement défavorisées. Ces observations permettent de voir s'établir des normes de comportement, et de saisir la mise en place de manières de penser, de faire et de sentir spécifiques à chaque pays. L'action de l'école sur le corps de l'enfant, sur son esprit et sur ses relations aux autres délimite la sphère d'intervention de l'institution scolaire : une part différente de l'enfant est soumise à l'action légitime de l'école de part et d'autre de la Manche. La socialisation de l'écolier est analysée à deux niveaux : comme intégration de l'enfant dans sa classe, et comme préparation à l'intégration du futur adulte dans la société. Au premier niveau, l'expérience scolaire en Angleterre et en France donne lieu à la construction de modèles idéaltypiques communs aux deux pays. Au second, deux modèles s'opposent : en Angleterre, l'appartenance à la nation ne ressort pas comme un mode spécifique d'appartenance, mais se conçoit par contigui͏̈té avec d'autres espaces sociaux. En France, la citoyenneté se construit par la distinction entre la sphère publique et la sphère privée.