La question de l'écriture : voix, matière et abstraction chez Michel Leiris
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This thesis aims to define Leiris' notion of writing. Three terms - voice, substance and abstraction - will be used to clarify this and structure our approach. Wanting to "vocalize" one's writing means giving it body, ensuring that it is taken notice of. It also means becoming part of the writing, insisting that each line reveal an aspect of oneself. The result of this preoccupation is an extremely high degree of attention paid to use of language. Leiris has a very concrete relationship with words : they are described as matter with consistency, smell and odor, and even as bodies. An ambivalent relationship with language thus emerges : fascination, desire and violent urges come thick and fast. But the writing turns out to be desperately abstract and fails to reflect reality. Worse, initially a means to live better, it has become an end in itself : the writing is "only" writing, and cannot change our lives.
Abstract FR:
Cette thèse a pour objectif de cerner comment Leiris conçoit l'écriture. Trois termes - voix, matière et abstraction - constitueront des prismes éclairant cette notion et les jalons de notre raisonnement. Rêver de "vocaliser" son écriture, c'est vouloir y faire entrer un peu du corps, refuser qu'elle ne soit que "lettres mortes". C'est aussi s'inscrire dans l'écriture, exiger que chaque expression soit révélatrice de qui l'on est. Ce souci se traduit par une attention extrême à la langue. Leiris entretient un rapport aux mots très concret : ils sont décrits comme une matière qui possèderait consistance, odeur, couleur voire se transformerait en corps. Naît alors une relation ambivalente à cette langue : fascination, désir et envies de violence se succèdent. Mais l'écriture se révèle désespérément abstraite, échoue à dire le réel. Pis, initialement moyen de mieux vivre, elle est devenue une fin en soi : l'écriture n'est "que" de l'écriture, et ne parvient pas à changer la vie.