Mythologie de la voix noire : Ethel Waters et la renaissance de Harlem
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The study adresses the manner in which the African-American singer, Ethel Waters (1896-1977), forged a remarkable career against the backdrop of the cultural movement known as the Harlem Renaissance. This period, running from 1920 to 1935, was marked by the flowering of a blues vogue, which helped spark her career as a star recording artist on the Black Swan label. Although the singer was idolized by her black working class audiences, many black intellectuals and leaders who spearheaded the Harlem Renaissance movement dismissed Waters' musical output. This study is intended to remedy such neglect and incomprehension by giving her music pride of place. The underlying analysis is based on personal interviews with singers and musicologists, as well as the singer's own autobiography, the memoirs of contemporary musicians, and articles from black newspapers of the time. This material is intended to help gauge the true dimensions of Waters' legend as a Blues Queen, in the face o the black elite's total disregard of her. After tracing the rise of Ethel Waters is today all but forgotten, this study advances two hypotheses to explain her obscurity, namely : critics who, basing their own views on unstable definitions of musical genres, have been unable to suitably categorize Waters ; and the persistence of a ceratin resentment on the part of Black American critics who insist that Ethel Waters had somehow been a "traitor" to the black cause, having taken on a "white" stage personality and having sold out the name of mainstream success. This study concludes that the dissipation of Ethel Waters's legend is due to not only to the unavailability of her music (which long remained unavailable) but also to the propagation of disparaging myths.
Abstract FR:
Ce travail étudie la façon dont la chanteuse noire américaine, Ethel Waters (18961977), s'est forgée une carrière remarquable avec, comme toile de fond, le développement de la mouvance de négritude basée à Harlem et connue sous le nom de la "Renaissance de Harlem". Cette période, qui se situe entre 1920 et 1935, voit un engouement pour le blues qui anime la carrière d'Ethel Waters, en tant que vedette de disques chez Black Swan. Alors que la chanteuse trouve un public laudatif auprès de la masse ouvrière noire, les intellectuels et ténors de la mouvance de négritude, en revanche, dénient totalement l'importance de sa création musicale. Ce travail cherche à faire valoir sa musique face à ce manque de compréhension. Cette étude s'appuie sur des entretiens personnels avec des chanteurs et musicologues, l'autobiographie de l'artiste, mémoires de musiciens contemporains, et articles recueillis des journaux noirs de l'époque. Ce matériau permet de dégager la véritable dimension de sa légende en tant que Reine du Blues, face donc à une élite noire qui restait muette à son sujet. Après avoir tracé l'essor de la carrière d'Ethel Waters, il s'agit de décrire son apogée, atteinte dans les années trente -- au moment même où la Renaissance de Harlem se trouve en déclin -- lorsque la chanteuse se transforme en comédienne à Broadway. Constatant qu'Ethel Waters est de nos jours tombée dans l'oubli, il s'agit enfin de proposer des hypothèses pour expliquer son éclipse, à savoir: une critique qui, se basant sur des définitions génériques instables, n'arrive pas à cantonner l'artiste; et la persistance d'une certaine rancune chez la critique noire américaine, qui insiste sur le fait qu'Ethel Waters aurait "trahi" ses racines dans la communauté noire, en adoptant une personnalité et une musique "blanches", afin d'élargir son public. Ces résultats font apparaître que la dépréciation de la réputation d'E. Waters est due autant à l'ignorance de sa production, qui est restée longtemps inédite, qu'à la propagation de certains mythes à son égard.