Histoire de ma vie, de George Sand : une écriture de la filiation
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
From Aurore de Koenigsmark to Jeanne Clésinger, George Sand reveals a rather complex genealogical line in her autobiography. In reminiscent of her own family history marked by its ruptures and conflicts, she is however searching for a continuity. She wanted to show the link between oneself and the others. The filiations appeared thus in the story of My Life as a major element in the construction of the autobiographical identity. The history of her ancestry allowed the author to show the noticeable repetition concerning the representation of the bond between the mother and the child, this sacred bond which emerges from its ideal fusion with great difficulty. However, if, for certain characters only, this perception of the subsidiary bond results in fixing them in a position which is impossible to escape, that of the daughter, that of the mother, that of the prostitute ; for the author, on the other hand, the same phenomenon has led to her occupying each single position in the genealogical tree, thus filling the generation gap and which incited her to write her autobiography. This position almost divine enabled her to cross question the destiny which played a role in the line of descent - this familial fate placed half way between a widened conception of heredity " of the body and the spirit ", the author added, and the fate imposed by God-. But it offered also the possibility to understand how to elaborate her own personal ideology. For the filiation also concerns the handing down of a material and ideological heritage. In the "Story of My Life", it appears as a reflection based upon the relation between the history of the nation, the material possessions, the religion and the woman's status in society.
Abstract FR:
D'Aurore de Koenigsmark à Jeanne Clésinger, George Sand déroule dans son autobiographie le fil d'une généalogie complexe. Evoquant l'histoire d'une famille marquée par les heurts et les ruptures, c'est cependant une continuité qu'elle recherche. Il s'agit de faire le lien entre les classes sociales, entre le passé et le présent, entre les générations, entre soi et autrui. La filiation apparaît ainsi dans "Histoire de ma vie" comme un élément majeur pour la construction de l'identité autobiographique. Narrer l'histoire de ses ascendants permet à l'auteur de faire surgir des répétitions notamment en ce qui concerne la représentation du lien entre la mère et son enfant, ce lien sacré qui peine à se sortir de l'idéal fusionnel. Mais si pour certains personnages, cette perception du lien filial aboutit à les fixer dans une position à laquelle il est impossible d'échapper, celle de la fille ou de la mère, celle de la femme de mauvaise vie ; pour l'auteur, en revanche, le même phénomène la conduit à occuper toutes les places dans l'arbre généalogique, à annihiler les différences entre les générations et en définitive à écrire son autobiographie. Cette position quasi divine lui permet d'interroger la fatalité telle qu'elle se met en place au sein d'une lignée -ce fatum familial à mi-chemin entre une conception élargie de l'hérédité, "celle du corps et de l'âme" précise l'auteur, et le destin imposé par Dieu- mais elle offre également la possibilité de comprendre comment s'élabore une idéologie personnelle. Car la filiation concerne aussi la transmission d'un héritage tant matériel qu'idéologique. Dans " Histoire de ma vie ", il prend la forme d'une réflexion sur le rapport à l'Histoire de la nation, sur la possession des biens, sur la religion, sur la place des femmes dans la société.