Approche ethnologique de l'inadaptation scolaire à l'école primaire : 1. Des enfants sauvages 2.L'esprit nu
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
If the first orthopedagogical experiments date to the French Revolution (Itard, followed by Séguin and Bourneville at the end of the 19th Century) the true birth of specialized pedagogy ("pédagogie adaptée") can be dated to the creation of remedial classes (classes de perfectionnement) in 1909. Until then auditory or mental handicaps were simply considered a sign of retardation. With the development of specialized structures both concepts and pedagogic methods evolved. Nonetheless, the "different" child is still regarded as potentially deviant and the massive arrival of immigrant children tended to reinforce this stereotype. As Anglo-Saxon ethnography has shown the teacher often involuntary reproduces the stigmatising procedures or rituals of designation. When these rituals come up against a particular sociocultural logic, the child is overwhelmed at his most vulnerable point and can no longer invest himself positively in his student status, he in fact adopts a negative of defectological identity. In open or closed specialized classes we can measure the extent to which the child's bibliographical elements are constantly arising within the teaching relationship. The teacher by refusing to take the subject into account with his history, values and resultant attitudes risks developing a "false self" in the learner, a "façade" characterized by stereotypical and shallow behaviour. In addition to these psychological, social, societal and cultural blockages is the projection of paternal, maternal, and infantile figures onto knowledge, this projection in itself appears to constitute a symptom of resistance to knowledge. It is through the recovery of the possibility of speech (une parole) and thanks to this recovery the necessary distance from lived and immediate experience that the student has the possibility of emerging from the shell that protects him from others as well as from himself to once again find a "fundamental rhythm (rythmicité fondamentale)".
Abstract FR:
Si les premières expériences orthopédagogiques remontent à la Révolution française (Itard, puis à la fin du XIXème siècle, Séguin, Bourneville), c'est avec la création des classes de perfectionnement, en 1909, que l'on assiste à la naissance de la "pédagogie adaptée". Jusqu'alors, le handicap, sensoriel ou mental était considéré comme la marque d'une dégénérescence. Avec le développement des structures adaptées, les conceptions et méthodes pédagogiques évoluent. Cependant, on continue de regarder l'enfant différent comme potentiellement déviant et l'arrivée massive d'enfants de migrants a tendance à renforcer ce stéréotype. Comme l'a montré l'ethnographie anglo-saxonne, l'enseignant reproduit, souvent de façon involontaire, des procédures stigmatisantes que nous nommons "rituels de désignation". Lorsque ces rituels rencontrent des logiques socioculturelles particulières, l'enfant est atteint dans sa vulnérabilité et n'a plus la possibilité d'investir positivement son statut d'élève; il se construit une identité négative, "défectologique". En classe spécialisée fermée ou ouverte, nous pouvons mesurer à quel point les éléments biographiques de l'enfant viennent constamment s'interposer dans la relation pédagogique. En refusant de prendre en compte le sujet, avec son histoire, ses valeurs et les attitudes qui en résultent, l'enseignant prend le risque de développer chez l'apprenant un "faux-self", une "façade", aux comportements stéréotypés et "pauvres". Mais au-delà de ces blocages d'origine psychique, sociale, sociétale ou culturelle, c'est la projection des figures paternelles, maternelles et enfantines sur le savoir qui semblent organiser le symptôme de résistance au savoir. C'est par le recouvrement d'une parole - et à travers elle la distanciation nécessaire sur le vécu et l'immédiateté - que l'élève aura la possibilité de sortir d'une carapace qui le protège des autres comme de lui-même, mais surtout d'aller à la rencontre de sa "singularité".