Une confrontation : Hannah Arendt et la théorie critique
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The objective of this study is to show that Arendt's work presents certain affinities with that produced by the first generation of Critical Theory (Adorno, Horkheimer, Marcuse, Pollock, Neumann etc. ). The premise of the study is an opposition to two interpretations: the one according to which Arendt is a disciple of Heidegger and that according to which Habermas is the continuator of the Critical Theory. The confrontation does not seek to minimize the differences but to show the closeness of the questions determining the two theories. The critical relationship to the philosophical tradition is the object of the first part. The two interpretations of Marx's thought is the object of the second part, which has a threefold objective: underline the particularity of Critical Theory's marxism (in what the relationship to Freud is very important), demonstrate the problems and limits of Arendt's interpretation of Marx, and show that both readings, their differences notwithstanding, diagnose a philosophy of history in Marx's work. The two interpretations of Nazism is the object of the third part. First, we eek to demonstrate that Critical Theory recognizes the specificity of the nazi order, without reducing it to an inevitable manifestation of the dialectic of Enlightenment (as it has often been interpreted). This is why particular attention is given to texts that are often neglected (Adorno's analysis of the authoritarian personality, Lowenthal's analysis of the concentration camps). Second, it is shown that the two interpretations are very close in that they both recognize the breakdown of utilitarian criteria in the totalitarian order. It is also demonstrated that Neumann's "Behemoth. The structure and practice of national socialism" has influenced Arendt's analysis, which follows the central idea according to which nazi Germany is a non-state. In this trajectory, Benjamin's thought has a mediating role, since both theories adopt the idea of impoverishment of experience.
Abstract FR:
L'étude se propose de montrer que l'œuvre d'Arendt présente des affinités avec les travaux de la "première" Théorie Critique (Adorno, Horkheimer, Marcuse, Pollock, Neumann) et qu'il est possible d'en rapprocher les lectures. Elle s'oppose à deux interprétations: celle selon laquelle Arendt serait une disciple de Heidegger et selon laquelle Habermas serait le continuateur de la Théorie critique. La confrontation ne vise pas à minimiser les divergences, mais à faire apparaître la proximité des interrogations qui animent les deux démarches. Dans la 1ère partie est abordée la question du rapport qu'elles entretiennent avec la tradition philosophique. Les deux lectures de Marx font l'objet de la 2ème partie, qui a un triple but : dégager la particularité du rapport de la Théorie Critique à Marx (en quoi la référence à Freud est de première importance), mettre en question la critique arendtienne à Marx, et montrer que ces deux lectures se recoupent, puisqu'elles décèlent une philosophie de l'histoire dans l'œuvre marxienne. Dans la 3ème partie sont confrontées les interprétations du nazisme. On suit deux fils conducteurs : d'abord, il s'agit de montrer que la Théorie Critique, loin de réduire le nazisme à un résultat de la dialectique de la Raison, en reconnaît la spécificité. C'est pourquoi on se penche sur des textes qui sont souvent négligés (l'analyse de la personnalité autoritaire par Adorno, celle des camps de concentration par Lowenthal). Puis, il s'agit de démontrer le voisinage des deux interprétations, autour d'une reconnaissance commune de l'effondrement des critères utilitaires au sein du monde totalitaire. On démontre aussi que Béhémoth de Neumann est un précurseur de l'analyse arendtienne, qu'elle en reprend l'idée centrale selon laquelle l'Allemagne nazie est un non-Etat. Dans ce parcours, Benjamin sert de passerelle entre les deux théories, qui se réfèrent à l'idée de l'appauvrissement de l'expérience.