Abstract FR:

Cette thèse analyse, sous un angle théorique et empirique, l'impact des conflits ethniques sur la performance économique, par le biais des migrations d'individus qualifiés. Elle est appliquée à la Malaisie, Fidji et au Sri-Lanka. La première partie décrit les facteurs à l'origine de ces conflits et les modalités des politiques de préférence ethnique (ou affirmative action) qui sont souvent adoptées pour y remédier. La seconde partie étudie sous un angle théorique l'impact de ces politiques sur les décisions individuelles de migration des minorités non favorisées, qui peuvent les percevoir comme injustes et discriminatoires. Cette analyse est réalisée à l'aide d'un modèle de production statique ou l'adoption de politiques préférentielles est formalisée sous forme d'une taxation des salaires d'une minorité ethnique au profit d'une autre communauté. La migration dépend de l'écart inter-ethnique de salaires, dans une perspective de privation relative inspirée de Stark (1984). Les résultats indiquent qu'à moins de conditions improbables pour des PED, la performance économique ne se détériore qu'au-delà d'un taux de discrimination seuil amorçant l'émigration des qualifiés de la minorité ethnique. Ce seuil dépend de caractéristiques propres à chaque société (structure de la population active par qualifications et origine ethnique, degré de consensus social), ce qui implique différentes marges de manœuvre selon les pays, et pourrait expliquer la diversité des situations observées. Dans une troisième partie, des analyses empiriques cherchent à établir le lien existant entre politiques préférentielles et migrations des minorités. Des estimations sur concluent à un impact significatif de la discrimination ethnique sur le taux d'émigration, puis des modèles logit indiquent que l'appartenance ethnique des individus permet de prédire leur appartenance à des profils de migrants particuliers (économiques, familiaux, socio-politiques. . . ) Et leurs intentions de retour dans leur pays une fois à l'étranger.