thesis

La représentation de l'espace par Marguerite Duras dans le cycle romanesque asiatique : les lieux du ravissement, entre possession et dépossession

Defense date:

Jan. 1, 2002

Edit

Institution:

Paris 7

Directors:

Abstract EN:

The subject of this thesis refers to durassian fiction, her novels of the asiatic cycle : "Un Barrage contre le Pacifique", "Le Ravissement de Lol. V Stein", "Le Vice-Consul", "L'Amant / L'Amant de la Chine du nord" and the cinematographic produce "India Song". These texts have their setting in India-China or Indian where the teller has lived during her girlhood. But this study is not a bibliographical investigation. No matter if Marguerite Duras's writings tell truth or litterary lie. We are interested about the real space's transposition in the novels ; how has M. Duras distributed every places in the fiction's spaces ? How and why has she figured child's world samehow or other ? So this thesis try to prove that the space's figuration or metaphorization in the asiatic cycle novels frequently uses the ravishing's topic. We can also call it, rape, rapture, delight, even ecstasy. All the durassian spaces are showed through these different matters being ravished or teared away. It appears that M. Duras has created a veritable rhetoric of the ravishing with her descriptions, using many figures of speech, like metaphor or a style of allegory. Seas, rivers, mountains and forests symbolise destruction, loss, ruin and failure. In this asiatic space, there's a figure, a character which makes oneself prominent : the mother. M. Duras has been affected by this woman, feme covert. How could we discover the durassian production by forgetting the great character of the mother ? It's impossible. Marguerite Duras's texts, concerning this epoch, tell the sad and pathetic story of the "mother of china" , like the teller used to say. The space's representation keep inside the disastrous, the calamitous mother's action: daming a sea, fighting against the Pacific in order to help and give rice to the chinese population and all the children which were starving in the plain. The motherly image means both cruelty and softness , love and hate. That is why the durassian writing is so complicated and doubtful. Finally this subject will induce us to understand her personal mythe, by exploring her "camera obscura" : something that becomes violent and silent, like a travel in a wild country.

Abstract FR:

Cette thèse sur la représentation de l'espace par Marguerite Duras dans le cycle romanesque asiatique concerne les œuvres de l'auteur où il est question de l'espace d'enfance, l'Indochine, inscrit dans "Un Barrage contre le Pacifique", dans le diptyque "L'Amant / L'Amant de la Chine du Nord", puis transposé dans "Le Ravissement de Lol. V Stein" et "Le Vice-Consul" ou "India Song", son pendant cinématographique. Cette étude a pour objectif de montrer que l'espace de l'enfance durassienne asiatique a généré une écriture essentiellement labile, porteuse de métaphores obsessionnelles du ravissement, de la possession à la dépossession. La toponymie et la topographie du royaume d'enfance placé sous le signe des eaux ravisseuses et des forêts procèdent moins d'une mimésis historico-politique que d'un réseau de signes des possédants et des non-possédants. Qu'il s'agisse de l'espace "grillé" de la colonisation, de la rencontre essentielle amoureuse, la transposition symbolique de ces lieux par l'écriture produit une véritable rhétorique du ravissement, de l'évanouissement, de la déliquescence jusqu'à la perte de soi et la disparition des êtres. Cet espace s'organise sur un mode mortifère voulu par la mère, figure primordiale des lieux d'enfance, mélancolique et terrible. Ce personnage marque chaque endroit des stigmates de sa tragédie personnelle, la catastrophe, le désastre des "barrages" contre une mer de Chine implacable et cruelle. De fait, l'écriture durassienne s'inscrivant dans cet espace, ne se lassera pas de forger diverses métaphores spatiales de l'évanouissement ou de la déperdition: les mers, les fleuves, les labyrinthes d'eaux et de terres, jusqu'à la mise en scène des objets et des personnages ravis des regards, hors de portée, ôtés progressivement de la vue. La mise en romans de l'espace asiatique et des personnages de la configuration indienne conduit le lecteur vers une fantasmatisation des lieux ravis de l'enfance. Certaines cryptes y laisseront voir une violence et une amoralité maternelles inoui͏̈es ainsi que la fabrication d'une ±camera obscuraα où se révèle le mythe personnel de l'amour durassien. L'alchimie de M. Duras dans les oeuvres du cycle indo-asiatique fait de l'espace référentiel vécu sur le mode de la mouvance, du glissement, de la destruction et de la perte, la matière polymorphe d'une écriture qui élève la diégèse au plan symbolique.