Poésie sonore et poétiques expérimentales
Institution:
Paris 7Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Born in France round the "OU" review, sound poetry is often rejected out of the literary field, leaving its aesthetic value unrecognized. Thus it started along with the reinvestment of language's materiality, at the end of the nineteenth century, conceived as outside language's system. This reinvestment leads to a critical reading of Saussure's definition of language as an abstract function, as well as other conceptions which look upon oral expression as a second code, clearly separated from the linguistic code. . .
Abstract FR:
Née en France autour de la revue OU, la poésie sonore est souvent rejetée hors du champ de la littérature pour se voir dénier toute valeur esthétique. Elle s'inscrit en effet dans le réinvestissement, initié à la fin du dix-neuvième siècle, d'une matérialité du langage perçue comme extérieure au système de la langue. Ce réinvestissement conduit à interroger la définition saussurienne de la langue, et les modèles qui pensent l'oralité comme mise en oeuvre d'un code second, stricterment indépendant du code linguistique. A cette pensée univoque de l'oralité, qui en fait l'expression d'un sujet, les poétiques expérimentales de la voix substituent leur diversité: voix jaillissante et agressive du dadai͏̈ste Raoul Hausmann, opposant son individualité à toute réification sociale et discursive, voix traitée comme matériau d'une sonate par Kurt Schwitters, ou voix comme détachée du sujet, transénonciative, d'Antonin Artaud. Dans la continuité de telles expériences, mais aussi sous l'influence de la naissante poésie concrète, la poésie sonore est fondée sur une objectivation de la voix rendue possible par le magnétophone. Critère technologique ouvrant sur une première définition générique de la poésie sonore, le magnétophone, et les manipulations qu'il permet, est l'emblème de la volonté des auteurs de la revue OU de donner à entendre la voix dans sa matérialité, sur le mode d'une présence. Les divergences qui se font jour au sein de la revue manifestent l'émergence d'esthétiques attribuant des sens différents à cette démarche commune. De l'expansion du corps physique que constitue la poésie chez Henri Chopin à la communication toujours menacée que met en oeuvre Bernard Heidsieck, en passant par le geste incertain d'appropriation de sa propre voix par François Dufrêne, ces poétiques se rejoignent dans une mise en question de la notion de poésie par l'affirmation du lien qui unit le poéme au geste qui le fait naître, au corps du poète, à ce risque qu'est l'immanence.