thesis

"Dieu est en réparation" : étude de la revendication du statut mystique dans l'œuvre de Louis-Ferdinand Céline : sotériologie gnostique, mystique de l'écriture et milice du spirituel

Defense date:

Jan. 1, 2004

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Institution:

Paris 7

Directors:

Abstract EN:

Céline repeated time and time again that he was not a "message" man and that "style" was the only thing that matters in his work. There is in fact a kind of agreement among the Célinian French critic that completely dissociates the great writer from the anti-Semitic and pro-Nazi polemist, divorcing, so to speak, a pure creative agent from the author as a civil person. Following the hypothesis that Céline, the "writer" is "more a philosopher than he wants to admit it", as Marie-Christine Bellosta already put it, this reading of Céline's work presents the influence that mysticism of all kinds, fashionable at the beginning of the twentieth century in Europe, had on the author's vision of the world. This thought from an other age actually contributed to the edification, not only in Céline's novels but also in his polemic writings, of a real "spirituality", based in the search of the "true self", the hatred of "Law" and the cult of a strong and repaired body. In fact Céline, like his friend Henri-Robert Petit and after Alfred Rosenberg, believed he had found in the gnosis' invalid revolt the mythical source of anti-Semitism. Analysing his poetic art as the edification of a new mysticism thus shows the deep coherence existing in his body of work between æsthetic and political discourses. It also recuperates Céline's writings within the framework of Nazism emergence in Europe. Because Céline's anti-Semitism is nothing like a delirium and his adherence to national-socialism is not ambivalent, accidental nor opportunistic, it just takes place in what Emmanuel Levinas called, in "Quelques réflexions sur la philosophie de l'hitlérisme", "a new conception of humanity".

Abstract FR:

Céline a répété sur tous les tons qu'il n'était pas un "homme à messages" mais un "homme à style". Il existe en effet une sorte de "consensus" dans la critique célinienne française qui consiste de même à dissocier absolument le romancier "génial" du polémiste antisémite et pro nazi, soit une sorte de d'instance créatrice pure et la personne civile de l'auteur. Partant du principe que Céline "écrivain" est "beaucoup plus philosophe qu'il ne veut bien l'admettre", comme l'a d'ailleurs affirmé Marie-Christine Bellosta, cette lecture de l'œuvre se propose d'explorer l'influence qu'a pu avoir le mysticisme de tous poils, à la mode au début du siècle en Europe, sur la vision du monde de l'auteur. Cette "pensée d'un autre âge" a en effet largement contribué à l'édification, dans les romans mais aussi dans les écrits polémiques de Céline, d'une véritable "spiritualité" fondée sur la quête du "moi véritable", la haine de la "Loi" et le culte d'un corps "redressé". En fait, Céline, comme son ami Henri-Robert Petit et comme Alfred Rosenberg, a pensé trouver dans la révolte invalide de la gnose la source mythique de l'antisémitisme. Analyser son art poétique comme l'élaboration d'une "nouvelle mystique" permet ainsi de dégager la cohérence du discours esthétique et politique dans l'œuvre et de réinscrire sa pensée dans le contexte de l'avènement du nazisme en Europe. Car l'antisémitisme de Céline n'a rien de délirant et son adhésion au national-socialisme n'a rien d'ambivalent, d'accidentel ou d'opportuniste ; elle s'inscrit dans ce qu'Emmanuel Lévinas appelle, dans "Quelques réflexions sur la philosophie de l'hitlérisme", "une nouvelle conception de l'homme".