Politiques tarifaires de l'eau, sécurité alimentaire et vulnérabilité climatique au Sénégal : un modèle d'équilibre général calculable éclairé par une enquête ménages
Institution:
RouenDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
Pas de résumé disponible.
Abstract FR:
Dix ans après la réforme de privatisation, le service de l'eau potable urbain est perçu par les autorités sénégalaises comme l'un des plus performants d'Afrique. L'enquête auprès des ménages que nous avons menée en 2005 à Dakar tempère cette appréciation. Premièrement les résultats montrent que les trois sources d'approvisionnement en eau potable coexistent fortement. Il s'agit des deux services améliorés (branchement privé et borne fontaine) et de la revente de voisinage. Cette dernière s'étant fortement développée sur la dernière décénnie. Deuxièmement les modèles économétriques que nous estimons révélent les caractéristiques des ménages raccordés au branchement privé et celles des ménages utilisateurs de bornes fontaines. Les résultats concluent que le niveau de richesse reflété par les équipements des habitats, l'alphabétisation, le fait que le chef de ménage soit une femme veuve et le fait d'être propriétaire augmentent la probabilité du raccordement. A l'inverse, le fait d'être locataire et d'avoir une préférence pour un achat quotidien de l'eau (révélateur de l'irrégularité des revenus) augmentent la probabilité d'utitliser les bornes fontaines. Enfin, la distance aux bornes fontaines (révélateur du coût d'opportunité du temps de transport nécessaire à la collecte de l'eau) influence le choix de recourir ou non à celles-ci. Troisièmement l'étude de consentement à payer des ménages non raccordés révèle que cette population est très difficilement disposée à supporter de nouvelles hausses tarifaires aux services d'eau améliorés. Ces résultats orientent alors les spécifications retenues pour développer deux versions d'un modèle d'équilibre général calculable, l'un statique, l'autre dynamique, destinées à apprécier les effets globaux de contraintes sur la disponibilité des ressources en eau, et des politiques tarifaires envisageables. La version statique, en simulant des sécheresses, a montré la forte vulnérabilité de l'économie sénégalaise aux ressources en eau, rendant le combat contre l'insécurité alimentaire difficile. Cependant, la version dynamique a montré que les effets très négatifs sur l'économie de déficits hydriques futurs pouvaient être contrecarrés par la mise en place d'une politique tarifaire de gestion de la demande au coût marginal. Couplée à une subvention de l'Etat versée au secteur de production d'eau potable, la tarification au coût marginal permet à long terme d'amortir le choc de pénurie de la ressource puisque le PIB, l'investissement et le bien être s'accroissent, le chomâge baisse, et les secteurs du riz pluvial , du maraîchage et de la distribution d'eau potable se développent malgré tout. Tandis qu'en maintenant sa politique actuelle de tarification au coût moyen (visant l'équilibre budgétaire du secteur), l'économie de long terme tombe en récession avec un fort recul de la production agricole, une forte dégradation du bien être et une hausse du chômage. Ce résultat va à l'encontre des directives des bailleurs de fond (Banque mondiale, FMI) qui imposent aux sociétés d'eau la contrainte d'équilibre budgétaire. La thèse remet en question le tarif de base (coût moyen ), trop élevé, sur lequel repose la structure tarifaire progressive du prix de l'eau au Sénégal.