Abstract FR:

Ce travail porte sur les enjeux théologiques du rite de l'adoration de la croix tel qu'il était vécu le Vendredi saint à Jérusalem à la fin du IVe siècle, pratique liturgique considérée depuis plus d'un siècle comme l'origine de la pratique actuelle dans la liturgie catholique. La recherche croise trois aspects: l'étude du rite décrit dans l'Itinerarium d'Égérie, les aspects historiques et culturels qui en éclairent le contexte (et parmi eux notamment les questions touchant aux lieux, aux groupes religieux ainsi qu'à l'invention de la relique et aux évènements politico-religieux du IVe siècle), enfin l'interprétation des écritures qui étaient proclamées dans les offices de ce jour et, à travers elles, la compréhension du mystère de la croix développée par Cyrille de Jérusalem dans les catéchèses baptismales, spécialement la treizième catéchèse. Elle permet de conclure que le sens du rite était inséparable des relations de nature polémique qui s'étaient instaurées entre les chrétiens orthodoxes et ceux qui ne partageaient pas leur foi, notamment les juifs, les païens et les hérétiques, parmi lesquels les manichéens et les ariens occupaient une place spécifique. A partir de cette approche contextuelle d'un rite liturgique, la thèse offre une réflexion d'ordre méthodologique quant à l'utilisation de l'argument historique dans les études liturgiques et à l'incidence d'une approche herméneutique sur la relation entre théologie et liturgie : la conclusion générale, en assumant les acquis de la recherche, ouvre donc sur une actualisation. En effet la mise en évidence des contextes éclaire de manière nouvelle le rapport entre la permanence des pratiques rituelles et l'évolution des représentations des fidèles qui en font l'expérience.