Un nouveau test des théories du choix risque : de la rationalité normative à la rationalité cognitive
Institution:
Paris 1Disciplines:
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Abstract EN:
Long economists have lent few attention to contradictions of expected utility (EU), as Allais paradox (1953). Following the psychologists Kahneman and Tversky (1979), experimental results have accumulated and that fact have entail the development of generalized eu theories. Contrary to these normative theories, cognitive consistency theory (CCT - Lévy-Garboua, 1995) introduce doubt, which is related to a positive value of perfect information. Decision-making is then an argumentation aiming at the suppression of doubt. CCT explains the totality of paradoxes (Allais, not voting, preference reversals) while the others theories not. In our method, individuals functions are defined by individual parameters reflecting heterogeneous preferences. We use the data of Kahneman and Tversky (1979), Hershey and Schoemaker (1980), Camerer (1989), and Battalio et al. (1990). For every simulation, parameter distributions are estimated for each theory (EU, rank-dependent eu, prospect, cumulative prospect, subjective weighted, dual, prospective reference, regret, disappointment, disappointment aversion, cognitive consistency), for seven different series of questions not limited to the unit probability triangle. We conclude that the weight of rejoicing in regret theory tends to be null. CCT is not rejected by the data while the others are. While conserving the axioms of eu, CCT provides an explanation of insurance and gambling, and also explains reflection, certainty, and common ratio (Allais paradox) effects.
Abstract FR:
Longtemps les économistes ont prêté peu d'attention aux contradictions de l’Esperance d'utilité (EU), comme le paradoxe d'Allais (1953). À la suite des psychologues Kahneman et Tversky (1979), les résultats expérimentaux se sont accumulés, provoquant le développement de théories normatives généralisant l'EU. La théorie de la cohérence cognitive (TCC - Lévy-Garboua, 1995) se démarque de ces théories en intégrant le doute dans le processus de décision. Seule la TCC explique l'ensemble des paradoxes (Allais, vote, inversion des préférences). Une nouvelle méthode de simulation permet de tester les théories sans se restreindre au triangle de Marchak-Machina. Ainsi, notre ensemble de données comprend celles de Kahneman et Tversky (1979), souvent citées, mais jamais exploitées statistiquement. Les fonctions individuelles (utilité, regret,. . . ) sont définies par des paramètres dont on estime la distribution. Onze théories sont évaluées à partir de 64 questions provenant de quatre sources différentes. L'axiomatisation permet d'éviter les incohérences logiques, mais avec un faible pouvoir descriptif : par exemple, la théorie des perspectives de Kahneman et Tversky obtient de meilleurs résultats sous sa forme originelle (1979) qu'axiomatique (1992). Seule la TCC est validée : en conservant les axiomes de l'EU, elle décrit les effets de certitude, de réflexion, et de rapport commun (paradoxe d’Allais), ainsi que la coexistence d'attitudes de jeu et d'assurance. La TCC offre un modèle opérationnel de la rationalité cognitive, rejoignant le sociologue Boudon (1990) pour lequel une décision est basée sur des bonnes raisons, même si elles mènent à des erreurs de jugement. Face aux problèmes rencontrés par l'EU, les théoriciens du risque semblent enfermés dans le postulat d'une maximisation de critères normatifs. Les théories se sont compliquées alors que la solution est conditionnée par le passage de la rationalité normative à la rationalité cognitive.