L'amour de Dieu dans les limites de la simple raison : foi et raison dans la pensée d'Ibn Taymiyya à la lumière de la théologie spirituelle d'Elie de Nisibe
Institution:
Paris, EPHEDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
It is often said that Christianity and Islam are similar from the point of view of spirituality, especially when their respective dogmas are put in brackets. But when Christians and Muslims refer to "the love of God" as a field of common experience, what exactly is being referred to? And what God is being dealt with? We are of the opinion that "faith alone" is insufficient to describe the relationship of love the believer often claims: the use and function of reason working inside such a relationship are far more relevant. Through the critical study, edition and first published French translation of works of Elias, Eastern Syriac Bishop of Nisibis in the 11th/5th century, and Ibn Taymiyya, Hanbali Doctor in the 14th/7th century, we penetrate the heart of these two systems of thought, once we have clarified our scientific knowledge of such two religious leaders and established their historical link: in fact, Elias of Nisibis can be held as indirectly responsible for Ibn Taymiyya's famous, lengthy “Valid Response to Those who Have Corrupted the Religion of the Messiah”, which has constantly been republished in Arabic since 1905/1332. After sketching out some responses to the Response, we show, on the one hand, that the "love" these two authors are refering to does not bear an identical figure and, on the other hand, that their respective assertions of non-contradiction between faith and reason are far from having the same implications. How a believer accounts for his creed and tests its consistency with his personal, community, and political life, indeed ultimately highlights what he means by "love", and thereby points to the face of his God.
Abstract FR:
Il est souvent affirmé que le christianisme et l’islam se rejoignent sur le plan de la spiritualité, surtout lorsque leurs dogmes respectifs sont mis en veilleuse. Mais lorsque des Chrétiens et des Musulmans évoquent « l’amour de Dieu » comme terrain d’expérience commune, de quoi parle-t-on ? Et de quel Dieu s’agit-il ? Nous soutenons que la « foi seule » ne suffit pas à qualifier la relation d’amour à laquelle le croyant prétend souvent : l’usage et la fonction de la raison œuvrant en son sein sont beaucoup plus déterminants. Par l’étude critique, l’édition et la traduction inédite d’ouvrages d’Élie, évêque syro-oriental de Nisibe au XIe / Ve siècle, et d’Ibn Taymiyya, docteur hanbalite au XIVe / VIIe siècle, nous entrons au cœur de ces deux systèmes de pensée, suite à la mise au point des connaissances scientifiques les concernant, et l’établissement du lien historique qui les relie : Élie de Nisibe est, en effet, le responsable indirect de la fameuse et longue « Réponse valide à ceux qui ont altéré la religion du Messie » d’Ibn Taymiyya, sans cesse republiée depuis 1905 / 1332 en langue arabe. Après une ébauche de réponses à la Réponse, nous montrons, d’une part, que « l’amour » auquel nos deux dignitaires religieux font référence ne se présente pas sous une figure identique et que, d’autre part, leurs affirmations respectives de la non-contradiction entre foi et raison sont loin d’avoir les mêmes implications. La manière dont un croyant rend compte de son credo et met à l’épreuve sa cohérence dans sa vie personnelle, communautaire et politique, manifeste en effet, au plus haut point, ce qu’il entend par « amour » et indique, par-là même, le visage de son Dieu.