Michel Foucault et la psychiatrie
Institution:
Paris EstDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
The present study sets out to examine Michel Foucault's critique of psychiatry. As a psychiatrist, I carry out clinical practice and, in the practice of psychiatric intervention, a series of ethical and sometimes even political questions arise. There are many critical studies concerning these questions of psychiatry, whose model is provided by Foucault's work. From a broad perspective dating back to the Middle Ages, he wrote a history of the medicalization of madness. In this view, psychiatric treatment is nothing more than a practice of "normalization" to force individuals into a type arbitrarily established by society. Through such a criticism, Foucault became the standard bearer of the antipsychiatric trend of the 1960s and 1970s. Nonetheless, he did not limit himself to criticizing normalization. He explored other possibilities of practice, different from normalization, that allows individuals to become autonomous and free subjects. The result of this exploration can be found in his late theories on Aufklärung or "techniques of the self". Regarding psychiatric treatment, however, he did not change his negative attitude. But is psychiatry really nothing more than a practice of normalization ? Cannot psychiatric treatment be an Aufklärung process ? If it can, how would this be possible ? In trying to answer these questions, I would like to find a way to reconsider and apply Foucault's critique of psychiatry in today's context.
Abstract FR:
La présente étude se propose d'examiner la critique de la psychiatrie de Michel Foucault. En tant que psychiatre, nous nous livrons à la pratique clinique. Cette pratique nous confronte aux questions éthiques, parfois même politiques, de l'intervention psychiatrique. Il existe bien des études critiques portant sur ces questions de la psychiatrie dont le modèle a été fourni par l’œuvre de Foucault. Dans une vaste perspective remontant jusqu’au Moyen Âge, cet auteur a écrit une histoire de la médicalisation de la folie. Sous cet angle, le traitement psychiatrique n’est rien d’autre qu’une pratique de « normalisation » qui consiste à emboîter les individus dans un type social moralement reconnu. Par une telle critique, Foucault est devenu le porte-drapeau du courant antipsychiatrique des années 1960-1970. Or, il ne s’est pas contenté de la critique de la normalisation. Il a recherché une méthode alternative à la normalisation qui permette à l’individu de devenir un sujet autonome et libre. L’aboutissement de cette recherche se trouve dans ses théories tardives sur l’Aufklärung et sur les « techniques de soi ». À l’égard du traitement psychiatrique, il n’a pas changé son attitude négative. Mais la psychiatrie n’est-elle réellement rien de plus qu’une pratique de normalisation ? Le traitement psychiatrique ne peut-il pas constituer un processus d’Aufklärung ? Et dans l’affirmative, comment cela est-il possible ? En essayant de répondre à ces questions, nous voudrions trouver une voie pour mettre en œuvre la critique de la psychiatrie de Foucault dans le contexte d’aujourd’hui.