Peut-on échapper à l'épiphénoménisme ? : une immersion dans la psychophysiologie britannique de la seconde moitié du XIX° siècle
Institution:
Paris 10Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
During the second half of the nineteenth century in Great Britain, a substantial number of articles, conferences and books were dedicated to the mind-body problem. This period was indeed marked by the Darwinian theory, the development of brain sciences, together with the fight for intellectual leadership between some scientists and traditional authorities. A certain number of scientists rejected the theological tutelage of science as well as the metaphysical studies of the mind. They defended an experimental approach to the mind-body problem. Therefore, they started developing their own philosophy of mind. The most controversial thesis debated in this overall context was the thesis of epiphenomenalism formulated by Thomas Huxley in 1874. He argued that mind was causally inefficient, thus saying that the conscious will was an illusion. The defence of this astonishing position is related to two other main ideas: metaphysical agnosticism and the mechanical conception of the world. Even though it was widely accepted among Huxley’s close colleagues, this thesis was criticised by some people who also defended a scientific study of the mind. The mind-body problem thus appeared to us as a new way to enter the controversies of this time. Its study enabled us to identify a philosophical movement, which we labelled “Victorian psycho-physiological philosophy” and which this work aims at providing a global and systematic exploration of. The main authors of this study are the following: Thomas Henry Huxley, John Tyndall, William Clifford, Henry Maudsley, Alexander Bain, William B. Carpenter, George Henry Lewes and George Romanes.
Abstract FR:
Dans la seconde moitié du XIXᵉ siècle britannique, le nombre d’ouvrages, d’articles ou de conférences se rapportant au problème des rapports entre l’esprit et le corps est particulièrement conséquent. En effet, cette époque est caractérisée par la formulation de la théorie de l’évolution de Darwin, par l’émergence des sciences du cerveau, et par une lutte pour l’autorité intellectuelle entre les élites traditionnelles et certains scientifiques fraîchement arrivés sur la scène culturelle. Dans ce cadre, des scientifiques, rejetant la tutelle métaphysique ou théologique de la science, souhaitent aussi arracher la question de l'esprit des mains des métaphysiciens et théologiens, pour proposer une étude expérimentale des liens entre phénomènes physiques et phénomènes mentaux. Ils s'aventurent alors sur le terrain de la philosophie de l'esprit, proposant leurs propres théories concernant les relations de l'esprit et du corps. La thèse centrale et très discutée est celle de l’épiphénoménisme, telle qu’elle a été présentée par Thomas Henry Huxley en 1874. Elle stipule l'inefficacité causale des états mentaux sur le corps, animal ou humain, et fait de la volonté une illusion de la conscience. La formulation originaire de l'épiphénoménisme est par ailleurs solidaire de deux autres thèses centrales : l'agnosticisme métaphysique et la conception mécaniste du monde. Toutefois, certains scientifiques ou philosophes qui militent en faveur d’une prise en compte de la physiologie dans l’étude de l’esprit ne souscrivent pas à l’épiphénoménisme. Les critiques formulées à l’encontre de l’automatisme de Huxley ne proviennent donc pas uniquement des défenseurs de la liberté métaphysique et de la responsabilité humaine. Par ailleurs, il est possible de relever des nuances voire des désaccords théoriques chez les divers adhérents à l’automatisme. Le problème des rapports de l’esprit et du corps constitue à nos yeux une nouvelle porte d’entrée dans les débats de cette époque. Il nous a permis d’identifier un mouvement philosophique que nous avons qualifié de « philosophie psychophysiologique victorienne » et dont cette thèse a pour ambition d'être la première exploration globale et systématique. Les principaux auteurs étudiés sont les suivant : Thomas Henry Huxley, John Tyndall, William Clifford, Henry Maudsley, Alexander Bain, William B. Carpenter, George Henry Lewes et George Romanes.