thesis

De la tutelle des ancêtres au libre usage des pharmacopées : histoire d'un système de soins du Cameroun

Defense date:

Jan. 1, 1998

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Institution:

Paris 5

Disciplines:

Abstract EN:

Changes undergone by African traditional medicine are more important than it is generally thought. This survey conducted in the district of Nkoteng, in the south of Cameroon, aims at reconstituting its rich ancient medical an ritual heritage. Deeply influenced by major rites (initiations) and combining social harmony and physical health, ancient medicine seems to derive from a collective pharmacological knowledge the ritual aspect of which does not exclude a great deal of pragmatism. That pharmacological approach seems to have prevailed. In combating major rites colonizers jeopardized the old therapeutic system thus linking diseases to sorcery in people's beliefs. The reluctance of colonial medicine to recognize the importance of knowledge exchange between patient and practitioner created an ambiguous relationship between colonial and popular medicine originating from the ancien system. The misunderstandings that appeared from the beginning of the first campaign against sleeping sickness have been going on to this day, made even worse by conflicts in social hierarchy. The current implosion of the hospital - based system has led to an increase in pharmaceuticals consumption that has no limitation now since the ritual practices of traditional medicine have been abandoned. In order to assess this consequences of the shifting of an ancient integrated system based on knowledge exchange under the protection of ancestors to free - not to say excessive - pharmaceuticals consumption, the current health care system has to be put back not only in the context of medical history but also in the religious and economic environment of a society now both rural and urban.

Abstract FR:

Les médecines africaines ont subi des métamorphoses plus importantes qu'on ne le dit généralement. Cette enquête, menée dans l'arrondissement de Nkoteng, au sud du Cameroun, part du riche appareillage médical et rituel ancien qu'elle tente de reconstituer. Profondément marque par les rites majeurs (les initiations) et conjuguant ordre social et sante du corps, le système ancien apparait associe à une médecine dérivée d'un savoir pharmacologique collectif, non exempt de rites mais marque par un très grand pragmatisme. C'est ce dernier qui semble avoir eu le plus de poids. En s'attaquant aux rites majeurs, les colonisateurs ont porté atteinte à cet ancien ensemble thérapeutique et ont favorise l'imputation des maux a la sorcellerie. La médecine coloniale s'est révélée très peu encline à reconnaitre, comme le faisait le fonds antique, l'importance de l'échange de savoirs avec le patient, et des rapports ambigus se sont instaures entre elle et la médecine populaire issue de l'ancien système. Les malentendus apparus dès les premières campagnes de lutte contre la trypanosomiase se sont prolonges jusque dans le système moderne, encore aggraves par les conflits de hiérarchie sociale. L'explosion actuelle de l'organisation centrée sur l'hôpital a suscité un développement de la consommation pharmaceutique qui, pratiquée sans échange de savoirs, n'est plus freinée par la retenue qu'impliquaient les anciens usages. On ne saurait mesurer les conséquences du glissement qui s'est opère, d'un antique système intègre grâce à l'échange de savoirs sous la tutelle des ancêtres, vers la consommation libre - voire anarchique - de médicaments, sans replacer le système de soins actuel dans l'histoire non seulement médicale, mais aussi religieuse, et économique de cette société devenue à la fois rurale et urbaine.