Gongsun Long 公孫龍 : des noms à la désignation, la pensée du langage en Chine à l'époque des Royaumes-combattants
Institution:
Paris, INALCODisciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work provides a translation with commentary of all remaining texts by which we can know the learning of Gongsun Long 公孫龍 (320 – 250 BC). His main concern was about “correction of names”, a topic commonly disputed at the time of Warring Kingdoms, but the meaning of which cannot easily appear in the language of logic, linguistics or philosophy of our time. This is why our work had to include an historical survey of the School of Names in its debates about this topic, firstly proceeding from Confucius lessons. In that time of violent public troubles, the confucianist claim for correctedness of names was connected by this school with precise needs of classification, for the sake of applying laws, defining terms, and rhetoric. The Gongsun Longzi 公孫龍子purpose may be understood as an attempt to fulfil the project of School of Names, but in a so freshly new form and strange style in this time that Gongsun Long gives us a witness of a moment of crisis in history of the confucianist tradition. Because of his method, he stood aside from previous and contemporary thinkers, and posterity indeed threw some contempt on him as if guilty of delusion. Trying to enlighten so sad a fate, our work is pleading for some “apology for Gongsun Long”, in order to make sense of his deep study of meaning, and show how the paradoxes required for his expression give strong evidence for the original character of Chinese language itself.
Abstract FR:
Ce travail propose la traduction et le commentaire de l'ensemble des textes par lesquels nous a été transmis l’enseignement de Gongsun Long 公孫龍 (320-250) axé sur la question de la « rectitude » ou « correction » des noms. Pour éclairer ce débat dont les termes ne peuvent être directement transcrits dans le langage de la logique, de la linguistique ou de la philosophie moderne, on a cherché à reconstituer les préoccupations de « l’école des noms » mingjia 名家. Dans une époque de désordre social, cette école a repensé l’exigence confucéenne de la rectitude des noms en liaison avec le besoin de classification des termes en l’étendant à des intérêts précis, aussi bien dans le domaine de l’application des lois, que des définitions et de la nature. Dans ce contexte historique le Gongsun Longzi 公孫龍子peut se comprendre comme visant à accomplir définitivement le projet de l’école des noms mais dans une forme originale et étrangère aux différents modes d’argumentation de l’époque. Gongsun Long serait ainsi, à sa manière, le penseur d’un moment de crise dans la transmission de la tradition confucéenne. Sa méthode l’a éloigné de ses devanciers mais aussi de ses contemporains, sans qui pourtant nous ne pourrions le comprendre, et ses successeurs se sont écartés de lui comme d’une sorte d’imposteur, sans peut-être l’avoir compris. Par les éclaircissements qu’il tente d’apporter à ce destin singulier, ce travail propose donc les rudiments d’une « apologie de Gongsun Long », qui essaie finalement de rendre compréhensible et « logiquement acceptable » toute la profondeur de la pensée de la désignation, dont on s’efforce de montrer que, jusque dans le style paradoxal qu’elle requiert pour son expression, elle est inséparable et même révélatrice d’une originalité de la langue chinoise, qu’elle contribue fortement à mettre en lumière.