Alfred Giard (1846-1908) et ses élèves : un cénacle de "philosophes biologistes". Aux origines du scientisme
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Paris, EPHEDisciplines:
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Ce professeur de zoologie a Lille puis à Paris, partisan de l'évolution, fondateur de la station maritime, de Wimereux et ses élèves les plus connus - oscillant entre un matérialisme intégral rarement pousse a l'absurde a ce point dans l'histoire et un matérialisme idéaliste - avaient fait jusqu'ici l'objet d'études partielles se limitant à commenter leurs écrits de science « pure ». Nous proposons dans cette thèse une interprétation nouvelle de ces derniers en même temps que nous mettons en évidence la dualité de l'œuvre du cénacle. Cette philosophie biologique, cette éthologie sociale, présente en effet un versant exotérique et un versant ésotérique. Une attention critique et soutenue au « nouage au niveau du sujet entre le corps, l'image et le mot et au niveau institutionnel entre le biologique, le social et l'inconscient » nous a amené à revoir les frontières entre production scientifique et extra-scientifique et à nous interroger sur leur conception de la connaissance, le degré de croyance en leurs propres théories, la manière dont ils vivaient avec leurs idées. Nous en sommes arrivé à une dimension que l'on pourrait qualifier de métaphysique ou de religieuse qui nous a conduit à nous demander si ces savants n'occuperaient pas la place jadis tenue par les commentateurs chargés de dire le vrai et de fonder les images. Dans cette perspective, leur théologie se caractériserait par un renversement de la hiérarchie des valeurs, une subversion de l'institution et le recours à l'arme de choix d'une rhétorique désincarnée brandissant le syllogisme contre l'image. Ne serait-ce que par le travail réalisé sur le mot scientisme, réinvesti symboliquement et positivement de bonne heure par un membre du cénacle, devenu aujourd'hui d'un usage courant mais dont l'étymologie et le sens strict sont très mal connus, les effets de la philosophie biologique de ce cénacle nous semblent encore sensibles à ce jour. Son œuvre majeure nous parait avoir consisté à saisir dans l'air du temps un certain nombre d'idées et de désirs nouveaux au profit du pouvoir, de les avoir assemblés en un corps de doctrine ésotérique et de les avoir légalisés par le sceau de la science.