Amour et donation dans la phénoménologie de Jean-Luc Marion
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Abstract EN:
To Jean-Luc Marion’s phenomenology belongs the largest possible horizon: his intuitive and prereflexive philosophy widens the field of phenomenology. The author of this book plans to explain how the erotic phenomenon as a phenomenon of saturation. A fondamental affective tonality of existence which is at the same time a border phenomenon, an excess of sense exceeding any representation of an intentionnal and reflexive consciousness, for it carries the phenomenological weight of the origin. Love demands a reduction, which cannot be understood but by a radical phenomenology of excessive donation. It is in this sense that the datum “reduced” by phenomenology must be understood – which datum is neither a being nor an object, but the sole donation which constitues the absolute immanent essence of manifestation. This research shows that the phenomenological reduction according to j. -l. Marion implies the reversal and the radicalisation of the classical phenomenology of prior thinkers such as Husserl and Heidegger. Indeed, they only focus on the essence of being, and their phenomenology remains a captive of metaphysics, inasmuch as its only horizon is still the horizon of being. The phenomenological method of Jean-Luc Marion is therefore interpreted here as a counter-method which is given to me as a counter-experience before any attempt to give it a meaning: it overcomes me with a flood of intuitions far above the concept, because it gives itself so generously. This phenomenological paradox, which Jean-Luc Marion calls “saturated phenomenon”, drives phenomenology away from transcendental ego and the intentional object, to replace them by a given ego, which receives itself from all it receives. This paradox happens with love, the ultimate condition for the possibility of the self, away from all ontic and transcendental requirement, in the sole horizon of a radical excessive donation.
Abstract FR:
La phénoménologie de Jean-Luc Marion possède le plus ample horizon : sa philosophie intuitive et pré-réflexive, inscrite au cœur de la saturation, effectue un élargissement du champ de la phénoménalité. C’est dans cet esprit qu’est ici explicité le phénomène érotique décrit par le penseur de la phénoménalité saturée. Cette tonalité affective fondamentale de l’existence est en effet aussi le phénomène-limite qui révèle un excès de sens et d’épreuve débordant et surabondant toute représentation opérée par une conscience intentionnelle et réflexive – parce qu’il porte en lui tout le poids phénoménologique de l’origine. L’amour exige donc une réduction qui ne saurait être comprise qu’à partir d’une phénoménologie radicale de la donation excessive. C’est en ce sens qu’il faut comprendre le donné auquel « réduit » la phénoménologie, donné qui ne s’identifie à aucun étant ni a aucun objet, mais à l’unique donation qui constitue l’essence absolue immanente à toute manifestation. Il est donc montré ici que la réduction phénoménologique implique pour Jean-Luc Marion le renversement et la radicalisation de la phénoménologie classique, celle de ses prédécesseurs Husserl et Heidegger, dont la pensée, ne s’occupant que de l’étant dans son être, reste encore prisonnière de la métaphysique, car elle ne se déploie que dans l’horizon de l’être. La démarche phénoménologique de Jean-Luc Marion est donc interprétée comme une contre-méthode qui m’impose une contre-expérience qui se donne a moi avant toute tentative de ma part de lui assigner un sens, m’excède par son déluge intuitif débordant le concept, du fait de son don généreux de soi. Ce paradoxe phénoménologique que Jean-Luc Marion appelle le « phénomène saturé », et qui décentre la phénoménologie du je transcendantal ainsi que de l’objet intentionnel pour leur substituer un moi adonné qui se reçoit de ce qu’il reçoit – ce paradoxe advient dans l’amour, seule condition ultime de la possibilité du soi, loin de toute exigence ontique et transcendantale et dans le seul horizon de la donation radicale excessive.