Nietzsche et le problème de la relation entre science et philosophie
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
This work investigates how Nietzsche conceives the relation between science and philosophy. Scrutinising his writings from youth to maturity, we hope to show that the author seeks to place himself on a situation he finds in his time: in the second half of the 19th century, science, recognised as the cognitive and cultural authority, claims autonomy and sovereignty over philosophy, the object of ample discredit. We must point out that, opposing the separation of science and philosophy, Nietzsche intends to establish between them bonds of dependence, subordination and authority. These relations, as he understands them, are complex inasmuch as they are set in diverse and interrelated spheres, namely, in the domains of values, knowledge, culture and life. It is our intention to note that, based on an aristocratic worldview, Nietzsche reserves for authentic philosophy the prerogative of a higher task, that is, to solve the problem of value in general and, by extension, to determine the value of science for culture and life. However, the author of Zarathustra admits at the same time a cognitive requirement to philosophy that must be satisfied by the use of particular sciences. Thus, while philosophy has the right to exercise axiological authority over science, when considering goals for culture and life, science, in turn, has the right to exercise cognitive authority on the axiological task of philosophy. It is our aim, therefore, to explain and investigate the central problem raised by Nietzsche's positions, asking whether, taken as unavoidable by virtue of his cognitive authority, the sciences do not end up assuming also the authority which he seeks to reserve to philosophy in the axiological sphere.
Abstract FR:
Ce travail examine la manière dont Nietzsche conçoit la relation entre science et philosophie. À partir de l’analyse de ses écrits, depuis les textes de jeunesse jusqu’à ceux de la maturité, nous espérons montrer que l’auteur cherche à prendre position vis-à-vis d’une situation présente à son époque : dans la seconde moitié du XIXe siècle, la science, reconnue comme autorité cognitive et culturelle, revendique l’autonomie et la souveraineté par rapport à la philosophie, cible d’un large discrédit. Nous avons l’intention de souligner que Nietzsche, en s’opposant à la séparation entre science et philosophie, prétend établir entre elles des liens de dépendance, de subordination et d’autorité. Ces relations, telles qu’il les comprend, se révèlent complexes dans la mesure où elles s’instituent dans des sphères diverses et interconnectées, à savoir dans les domaines des valeurs, de la connaissance, de la culture et de la vie. Nous souhaitons mettre au jour qu’étant donnée sa vision aristocratique du monde, Nietzsche réserve à l’authentique philosophie la prérogative d’une tâche supérieure qui consiste à résoudre le problème de la valeur en général et, par suite, à déterminer la valeur de la science pour la culture et la vie. Néanmoins, l’auteur de Zarathoustra assigne en même temps une exigence cognitive à la philosophie qui doit être satisfaite ayant recours aux sciences particulières. Ainsi, tandis que la philosophie, lorsque l’on considère des buts pour la culture et la vie, a le droit d’exercer une autorité axiologique sur la science, cette dernière, à son tour, a le droit d’exercer une autorité cognitive sur la tâche axiologique de la philosophie. Il s’agit donc d’examiner le problème central suscité par les positions de Nietzsche en demandant si les sciences, considérées comme incontournables en vertu de leur autorité cognitive, ne finiraient pas par assumer aussi l’autorité que l’auteur prétend réserver à la philosophie dans la sphère axiologique.