thesis

Ceci n’est pas un centre d’archives ! : l’Atlas Group de Walid Raad et les déplacements hétérotopiques de la question de l’histoire

Defense date:

Jan. 1, 2013

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Institution:

Paris 8

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

This thesis is an attempt to think the interpenetration of ‘subject-matter’ and ‘truth-content’—as formulated by Walter Benjamin—in Walid Raad’s project, the Atlas Group. This work is a complex and curious one, with Borgesian features: introduced as a foundation “dedicated to the research and the compilation of documents on Lebanese contemporary history,” this archive, its documents and the characters that populate it are in fact inventions of the artist who mixes up deliberately real and fictitious elements and re-enacts subversively several realities. The conflictual history and politics of war and postwar Lebanon confront, in Raad’s heterotopy, the allegedly neutral organism approaching them as well as the context of contemporary art in the framework of which the project unfolds. These three heterogeneous realities are not nonetheless clearly delimited but rather intertwined on many levels, one acting on the other, revealing thereby the political significance of their own form. The order of the archive is contaminated by the Lebanese disorder; images and figures affect the subject-matter and vice versa; and the positions of subjects supposed to know, and objects supposed to give access to knowledge are displaced by the dispositif which incorporates them. The Atlas Group thus impels the philosophical thought to learn how to look in and through the work itself, to become an accomplice of the gaze apprehending it in order to detect what is critically at stake within it and to problematize, through tension-ridden constellations, how forms and concepts interlock within reality.

Abstract FR:

Cette thèse est une tentative de penser, dans le projet Atlas Group de l’artiste libano-américain Walid Raad, l’interpénétration entre « teneur de vérité » et « teneur chosale », comme la formule Walter Benjamin. L’Atlas Group est une œuvre complexe et curieuse à traits borgésiens: introduite comme une fondation « dédié[e] à la recherche et la compilation de documents sur l’histoire contemporaine libanaise », ce centre d’archives, les documents du corpus et les personnages qui le peuplent, sont au fait des inventions de l’artiste, qui enchevêtre ainsi délibérément des éléments réels et fictifs et rejoue subversivement plusieurs réalités. L’histoire et la politique conflictuelles du Liban des guerres et d’après-guerre confrontent, dans l’hétérotopie raadienne, l’organisme prétendument neutre qui les aborde et le contexte d’art contemporain dans lequel le projet s’inscrit. Ces trois réalités hétérogènes ne sont pourtant pas clairement délimitées, mais s’entrelacent sur plusieurs plans en agissant l’une sur l’autre dans le projet, révélant par là la portée politique à même leur forme: l’ordre de l’archive est contaminé par les désordres libanais, les images et figures agissent sur les contenus et vice versa, et les positions des sujets supposés savoir ou des objets supposés donner accès à une connaissance sont déplacées par le dispositif même qui les comprend. L’Atlas Group met ainsi la pensée philosophique devant le défi d’apprendre à voir dans l’œuvre, de devenir complice du regard qui l’appréhende afin de déceler ses enjeux critiques et de problématiser, à travers des constellations chargées de tension, comment des formes et des concepts s’imbriquent dans le réel.