Connaissance de soi et réflexion pratique : les réappropriations analytiques de la pensée de Sartre et leurs limites
Institution:
Sorbonne universitéDisciplines:
Directors:
Abstract EN:
How do we know ourselves and how does it differ from knowing others? When such knowledge refers to our “mental states” or attitudes, such as beliefs, desires, and emotions, it may seem that self-knowledge is privileged – more direct and certain than knowledge of others. I know better what I think or feel because I have immediate access to my own mind. When this assumption is challenged, as in contemporary Anglo-American analytic philosophy, it is usually based on the idea that such access is illusory. Two American philosophers, Richard Moran and Charles Larmore, have each developed an alternative approach inspired by Sartre. For them, the notion of privileged access simply does not capture what is special about our relation to our own minds. These authors develop Sartre’s the idea that in addition to knowing ourselves through theoretical reflection, we can also engage in practical reflection. We can treat the question of what we think or feel as a practical one, to be decided by making up our minds and taking a position, rather than a theoretical one, to be determined through observation and inference. But just what is the relationship between these two ways of treating a question about oneself? What is to be done when they conflict? I explore Sartre’s answers to these questions and the way in which Moran and Larmore each selectively reappropriate his thought. I argue that the latter both achieve progress in understanding self-knowledge of attitudes and first-person authority, but encounter difficulties that can be overcome by adopting other elements of Sartre’s approach, in particular phenomenological reflection and dialogical relations.
Abstract FR:
Comment se connaît-on soi-même ? En quoi est-ce différent que de connaître autrui ? En ce qui concerne nos « états d’esprit » comme la croyance, le désir, ou l’émotion, il peut sembler que la connaissance de soi jouisse d’un privilège : elle serait plus directe et plus sûre que la connaissance d’autrui. Je sais mieux ce que je pense ou ressens parce que j’ai un accès immédiat à mon esprit. Quand cette idée est remise en cause, comme c’est le cas dans la philosophie analytique anglo-saxonne, c’est généralement parce que l’on considère qu’un tel accès est illusoire. Deux philosophes américains, Richard Moran et Charles Larmore, ont chacun développé une autre approche, inspirée de Sartre. Ils soutiennent que l’accès privilégié ne rend tout simplement pas compte de notre rapport singulier à notre propre esprit. Ces auteurs développent la thèse sartrienne selon laquelle, en plus de se connaître par une « réflexion théorique » (un retour sur soi objectivant), on est aussi capable d’une réflexion pratique. On peut répondre de façon pratique à la question de savoir ce qu’on pense, en se décidant et en s’engageant, plutôt qu’en s’observant et en s’interprétant soi-même. Quel est le rapport entre ces deux types de réflexion sur soi ? Que faire lorsqu’elles entrent en conflit ? Dans cette thèse, j’explore la réponse de Sartre à ces questions ainsi que la manière dont Moran et Larmore se réapproprient chacun sa pensée. Je montre l’apport de ces approches, puis certaines de leurs limites, et propose de surmonter ces dernières en adoptant d’autres éléments de l’approche sartrienne, notamment la réflexion phénoménologique et l’analyse des relations dialogiques.