Le dépassement du dualisme chez Hans Jonas : de la gnose au Principe responsabilité
Institution:
Paris 4Disciplines:
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Abstract EN:
This reading of the whole of Jonas’s work combines a chronological and a thematical approach. In part one, we study the way in which Jonas grasps gnostic-type dualism and the hermeneutic conditions of its uncovering through myth. Part two analyses Jonas’s critique of nihilism and skepticism which underlies his critique of dualism, and it does so via two approaches: a gnostic reading of existentialism and a critical history of the western philosophical tradition. The result is that, according to Jonas, the zeitgeist of modernity is existentialism, in a very broad sense encompassing all modern philosophies of the isolation of man within a neutral and indifferent world. Part three enters the constructive portion of Jonas’s endeavor in which he is shown to provide a philosophy of nature and an anthropology which go against this dualistic rift and lead to a no anthropocentric humanism. In this perspective, living subjectivity and the human subject are inscribed within a relationship of continuity. In its struggle against need, a more and more exacerbated freedom manifests itself along the chain going from metabolic existence to dehiscent human freedom. Part four shows how this philosophy of polarity evolves in Jonas’s later work towards a philosophy of negation. His philosophy of organism undergoes two shifts: first, the sovereignty of human freedom is viewed as negative and thus reinforces the anthropological difference; second, finality is increasingly emphasized within cosmological and biological evolution. Philosophical biology yields to a philosophy of freedom in a twofold sense: on the one hand, there is a "principle of freedom" at work within being; on the other hand, there seems to be no obligation which can easily convince human freedom to heed the call of value within being.
Abstract FR:
Notre lecture de l'ensemble de l'œuvre de Jonas croise une logique chronologique et une logique thématique. Dans la première partie, nous analysons la manière dont Jonas saisit le dualisme de type gnostique et les conditions herméneutiques de sa mise en évidence à travers les mythes. La deuxième partie analyse la critique jonassienne du nihilisme et du scepticisme sous-jacente à celle du dualisme, à travers deux approches : une lecture gnostique de l'existentialisme d'une part, une histoire critique de la tradition philosophique occidentale d'autre part. Il en ressort que le zeitgeist moderne est, selon Jonas, l'existentialisme, auquel il confère une extension très large puisqu'il désigne pour lui les pensées modernes de l'esseulement de l'homme dans un monde neutre et indiffèrent. Dans la troisième partie, nous abordons le versant constructif de l'œuvre, qui propose une philosophie de la nature et une anthropologie qui, à contre-courant de cette rupture dualiste ouvre sur un humanisme non anthropocentrique puisque la subjectivité vivante et le sujet humain s'inscrivent dans un rapport de continuité. Aux prises avec la nécessité, une liberté de plus en plus exacerbée se manifeste de l'existence métabolique à la liberté humaine déhiscente. La dernière partie montre l'évolution de cette philosophie de la polarité dans l'œuvre tardive de Jonas vers une philosophie de la négation. La philosophie jonassienne de l'organisme subit deux infléchissements : d'une part, la souveraineté de la liberté humaine apparait comme négative et renforce ainsi la différence anthropologique ; d'autre part, on assiste à une accentuation de la finalité dans le devenir cosmobiologique. La biologie philosophique cèdera alors peu à peu la place à une philosophie de la liberté dans le double sens divergent ou, d'une part, un "principe liberté" se déploie dans l'être et ou, d'autre part, la liberté humaine ne se sent pas obligée par l'appel de la valeur dans l'être. Proposition de mots-clés : ces termes décrivant le contenu de la thèse ne seront pas saisis, mais utilises par la bibliothèque pour l'indexation.