Une “morale de la finitude” : contribution Kantienne au débat contemporain entre théologie et philosophie
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
What audience, what value and what meaning can and must philosophy give to the ethical claim of religion and theologists? The aporia of the current debates between theologists and philosophers (indeed the ethicists under discussion) lead us to exploit the ressources of Kantian philisophy in order to respond to its fundamental stake, that is, to accomplish the program of an “ethics of finitude” that brings together the central value of our modernity, autonomy and the lucid recognition of the radicality of finitude. We can in fact show how, with and through “transcendental theology”, “supreme principle” of Kant’s trancendental philosophy in the Opus postumum, a theory of practical finite subjectivity is elaborated. In consequence, religion unveils itself as an “aesthetic of pure practical reason” offering the finite subject a language in which to formulate a moral experience which is always problematic. We thus envisage the transformations of the theology that theologians as well as philosophers must take into account in order to pursue a dialogue that Jürgen Habermas wished to be a “mutual apprentiship”. The paradox of the de-theologization of theology is accepted in order to push away the specter of a religion that covers the moral and in so doing annihilates the autonomy which is its nucleus. Religion can then be lived essentially as something practically imaginary, through feelings such as respect, but also through a wider range of feelings that go from admiration of nature to the aesthetic experience in general.
Abstract FR:
Quelle audience, quelle valeur, quel sens la philosophie peut-elle et doit-elle aujourd’hui accorder à la revendication éthique de la religion et des théologiens ? Les apories du débat contemporain entre théologiens et philosophes (en l’occurrence les éthiciens de la discussion) nous reconduisent à exploiter les ressources de la philosophie kantienne pour répondre cependant à l’enjeu fondamental de celui-ci, à savoir accomplir le programme d’une « morale de la finitude » qui concilie la valeur centrale de notre modernité, l’autonomie et la reconnaissance lucide de la radicalité de la finitude. On peut en effet montrer comment par et dans la « théologie transcendantale », « principe suprême » de la philosophie transcendantale que Kant remet en chantier dans l’Opus postumum, s’élabore une théorie de la subjectivité pratique finie. La religion se dévoile en conséquence constituer une « esthétique de la raison pratique pure » en offrant au sujet fini un langage où formuler une expérience morale toujours problématique. On envisage alors les transformations de la théologie que les théologiens comme les philosophes doivent prendre en compte pour poursuivre un dialogue que Jürgen Habermas souhaitait être un « apprentissage mutuel ». Le paradoxe d’une dé-théologisation de la théologie est assumé pour éloigner le spectre d’une religion qui recouvre la morale et en anéantit, ce faisant, l’autonomie qui en est le noyau, et pour faire apparaître comme la religion se donne désormais à vivre pour nous essentiellement comme un imaginaire proprement pratique, à travers un sentiment comme celui du respect, mais aussi à travers une gamme plus large de sentiments, qui va de l’admiration de la nature à l’expérience esthétique en général.