thesis

Voir et faire voir le secret de l'État : fonctions et enjeux de la fiction d’espionnage contemporaine

Defense date:

Jan. 31, 2020

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Institution:

Paris 1

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

What is the political, moral and philosophical value of “spy fiction”? This dissertation examines this question using an innovative methodology that combines an analysis of contemporary television series (Homeland, Le Bureau des Légendes) and interviews with intelligence practitioners (CIA, DGSE) along with entertainment professionals (showrunners, screenwriters). My thesis is that there is a change in the ontological and epistemic status of spy films and TV series due to the involvement of real spies in their creation. The political and philosophical importance of spy fiction manifests itself in the impact of spy fiction on the political and social reality: the “realism” of spy fiction that I define here departs from common conceptions of correspondence to reality and replaces it with an approach that locates agency at the heart of the analysis. This approach does not stipulate the blurring of fact and fiction, but instead reaffirms its importance as a hypothesis for the production and reception of cultural artifacts. In a context where the demand for information concerning clandestine activities of the state keeps growing, the interactions between intelligence and entertainment professionals allow the former to stage their own disclosure without revealing their real activities. Far from contributing to the abolition of the frontier of secrecy, such practices contribute to its displacement, thus allowing a renewal of secrecy under the appearance of transparency. State secrets are never revealed but only signified.

Abstract FR:

Quelle est la valeur politique, morale et philosophique des fictions dites « d’espionnage » ? Nous examinons cette question à partir d’une méthodologie innovante mêlant analyse de séries télévisées contemporaines (Homeland, Le Bureau des Légendes) et enquêtes de terrain auprès des acteurs du renseignement (CIA, DGSE) et du divertissement (showrunners, scénaristes). La thèse que nous défendons est celle d’une modification du statut ontologique et épistémique des films ou séries d’espionnage en raison de l’engagement de véritables espions dans leur fabrication. L’importance politique et philosophique des fictions d’espionnage se manifeste par l’impact de ces fictions sur la réalité politique et sociale : le « réalisme » des fictions d’espionnage que nous définissons ici s’éloigne des conceptions communes de ressemblance avec le réel pour y substituer une approche qui met l’agentivité au cœur de l’analyse. Il ne s’agit pas de décréter l’effacement de la frontière entre fait et fiction mais au contraire d’en réaffirmer l’importance, comme hypothèse de production et de réception des œuvres. Dans un contexte où la demande d’information concernant les activités clandestines de l’État ne cesse de croître, les interactions entre professionnels du renseignement et du divertissement permettent aux premiers de mettre en scène leur propre dévoilement sans pour autant révéler leurs activités réelles. Ainsi, loin de concourir à l’abolition de la frontière du secret, de telles pratiques opèrent un déplacement de cette dernière : une reconduite du régime du secret sous l’apparence d’une mise en transparence. Le secret de l’État n’est jamais dévoilé, il est toujours signifié.