thesis

Droit et Normativité chez Jacques Derrida

Defense date:

Dec. 7, 2018

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Institution:

Paris 8

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Since the late 1980s, there has been a disagreement among Derrida scholars as to whether or not there is an « ethical turn » in his philosophy. Although the meanings of the terms « ethical » and « turn » still divide commentators, partisans of both camps presuppose one thing: Derrida cannot be a normativist.This dissertation challenges the tacit consensus among these commentators, namely, that Derrida’s philosophy is opposed to « norms ». Rejecting the distinction between a « young » and a « late » Derrida, we show that the problem of normativity has been correlated with the deconstruction of logocentrism since his earliest works. The fact that Western metaphysics has always repressed writing and the logic of the trace determines a particular configuration of the field of practical philosophy. Within this framework, normative truth is conceived as the intimacy of a commanding voice: we call this logonomocentrism. Just as Derrida argues that « archi-writing » is the condition of possibility of all speech — and appearance in general — we argue that « archi-law » is the condition of possibility of normativity. Hence, « writing » and « law » share a common destiny. The traditional elements used to describe, in metaphysical terms, the secondarity (and submission) of law and writing allow us to think an excess that puts into motion the field of practical philosophy : « distance », « supplement », « representation », but also « institution », « arbitrary », « violence » and « technique ».

Abstract FR:

Depuis la fin des années 1980, un débat s’est installé, parmi les commentateurs de Jacques Derrida, sur l’existence ou non d’un « tournant éthique » dans l’œuvre de cet auteur. Les partisans de l’un et l’autre bord ne sont d’accord ni sur la signification du terme « tournant » ni sur la signification du terme « éthique » ; ils partagent pourtant un même présupposé : Derrida ne peut pas être un normativiste. Le présent travail vise à contester ce consensus de fond qui oppose la déconstruction aux normes. Tout en refusant les lectures qui privilégient des périodisations abstraites (un jeune Derrida et un Derrida tardif, par exemple), nous montrons que le problème de la normativité est, dès le départ, contigu à la déconstruction du logocentrisme. Le fait que la métaphysique occidentale ait toujours refoulé l’écriture et la logique de la trace détermine une configuration particulière du champ pratique. À l’intérieur de celui-ci, la vérité des normes fut pensée comme l’intimité d’une voix de commandement : voilà qui est le logonomocentrisme. Tout comme Derrida défend qu’une certaine archi-écriture est la condition de possibilité de la parole — et de l’apparaître en général —, nous soutenons qu’un archi-droit est la condition de possibilité de la normativité. « Écriture » et « droit » se forgent un destin commun. Les éléments traditionnellement employés pour décrire, en termes métaphysiques, leur condition secondaire et soumise seront repris, ici, pour penser un excès qui met le champ pratique en mouvement : « distance », « supplément », « représentation », mais aussi « institution », « arbitraire », « violence » et « technique ».