thesis

La représentation du merveilleux dans l'historiographie romaine de l'époque impériale

Defense date:

Jan. 1, 1987

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Institution:

Paris 10

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

The ubiquity of the merveilleux in the historiography of the Roman Empire cannot be explained away as the ravings of a so-called "primitive mentality". Historiographers consistently exhibited their skepticism by submitting marvelous events to rational critique. They clearly distinguished processes conforming to the regularity and continuity of causal relations from those phenomena whose supernatural origins were manifested by their sudden interruption in the normal course of events. Historiographers acknowledged the possibility of illusion, indeed of hallucination, and worked out a psychosociology of public rumor which insisted on examining sources. Sometimes scrutinizing them with suspicion. Individuals themselves and society as a whole appeared divided: far from being unanimous, reactions to all that was marvelous evinced a permanent tension between skepticism and belief. The merveilleux nevertheless retained a fundamental place in the works of historiographers, because it was felt to have a sense and fill a positive function. It was the privileged instrument in the transformation of material events raised to the status of myth. The merveilleux illustrated a hero's prestige, made the aberrations of men at a given time appreciable. Through prodigies, a political leader's authority was grounded. The role of the merveilleux was one of revelation. It enabled readers to decipher events. It transfigured reality, magnifying it, presenting the values it incarnates in striking fashion. Along with the merveilleux, the sacred entered roman history: the city and its destiny escaped the contingency of things human, bore the seal of transcendence. It is through the merveilleux, finally, and the power of the meaning it carried, that historiographers exorcised the specter

Abstract FR:

L'omnipresence du merveilleux dans l'historiographie romaine de l'empire ne s'explique pas par les divagations d'une pretendue "mentalite primitive". Les historiographes ne manquent pas de soumettre les prodiges a une critique rationaliste et de manifester leur scepticisme. Ils distinguent clairement les processus soumis à la régularité et à la continuité des séries causales, des phénomènes dont l'origine surnaturelle se manifeste par une interruption soudaine du cours habituel des choses. Ils admettent la possibilité de l'illusion, voire de l'hallucination, et élaborent une psycho-sociologie de la rumeur publique qui n'épargne pas leurs sources, parfois soumises à un examen suspicieux. Les individus eux-mêmes et la société dans son ensemble apparaissent divisés: loin d'être unanimes, les réactions à l'égard du merveilleux témoignent d'une tension permanente entre le doute et la croyance. Les historiographes conservent toutefois au merveilleux une place essentielle dans leurs œuvres parce qu'il a un sens et qu'il remplit une fonction positive. Il est l'instrument privilégié d'une transformation de la matière évènementielle qui se trouve élevée à la hauteur du mythe. Le merveilleux illustre le prestige d'un héros, rend sensibles les égarements d'une époque ou fonde l'autorité politique d'un chef. Il joue le rôle d'un révélateur qui permet de déchiffrer les évènements mais aussi de transfigurer la réalité, de la magnifier, et de faire apparaitre de façon saisissante les valeurs qu'elle incarne. Avec le merveilleux, le sacre fait irruption dans l'histoire de Rome; la ville et son destin échappent à la contingence des choses humaines et sont marqués du sceau de la transcendance. C'est enfin parle merveilleux et par la puissance de signification dont il est charge que les historiographes exorcisent le spectre de la banalité.