Abstract FR:

Sur des marchés en faible croissance, on assiste à une recomposition de la production de masse vers une plus grande différenciation des produits. Ceci implique le passage d'une concurrence qui repose sur la domination par les coûts à une concurrence qui porte à la fois sur la qualité, le service et les coûts. Cette évolution s'accompagne d'un mouvement de concentration des acheteurs. Sur les marchés de l'UE, la majorité des agrumes sont commercialisés par les firmes de la grande distribution. Les stratégies de ces firmes sont génératrices d'une concurrence exacerbée au niveau des producteurs-fournisseurs. Face à l'Espagne leader du marché, les producteurs-exportateurs marocains fragilisés, sont dans l'obligation de s'adapter pour assurer leur maintien sur le marché. Par ailleurs, les dysfonctionnements observés dans l'organisation de l'exportation constituent des éléments d'explication supplémentaires aux difficultés actuelles de la filière marocaine. La faible cohésion du système qui s'inscrit dans l'histoire de la filière et les modes de coordination entre les acteurs constituent des freins importants pour la mise en œuvre de stratégies d'adaptation. Ces modes de coordination qui laissent place aux seuls mécanismes du marché dans un contexte d'incertitude minimisent faiblement les coûts de transaction et encouragent des stratégies de court terme. Il en résulte une offre peu adaptée et une difficile maîtrise des coûts de mise en marché, en particulier au niveau des coûts logistiques. Le processus d'adaptation appelle des restructurations profondes pour la filière marocaine. Sur un marché compétitif où la demande se segmente et où un petit nombre d'acteurs sont des passages obligés, la capacité de créer de la valeur et d'en retirer les avantages tout en diminuant les coûts imposent des choix stratégiques pertinents. On observe l'émergence de stratégies qui vont dans ce sens, mais leur succès repose sur l'implication de tous les acteurs de la filière.