Entre conflit, détour et tiers, apories et limites du paradigme de la reconnaissance : contribution à la critique de la philosophie sociale d’Axel Honneth
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Abstract EN:
Between 1987 and 2017, the German philosopher Axel Honneth - inspired by the model of the struggle for mutual recognition developed by the young Hegel - wished to breathe new life into Frankfurt's critical theory, wanting to go beyond the aporias of the habermassian model of « communicative action », which had in no way shown itself to be operative, to counteract the logics of social domination anywhere in all spheres of capitalist societies. Doing so Honneth has developed - over three successive periods - three different paradigmatic forms for his concept of «recognition». If - during these three periods covering the last thirty years - Honneth has remained logical and rigorous in his descriptive tools, if likewise the permanent enrichment of his « moral grammar of social conflicts », has remained the main tool of his analyses, the epistemological and conceptual aims of his model have changed By moving from the first model of « the struggle for recognition » to the second model of a «democratic ethics of recognition» and finally to a third (normative) model of the « recognition paradigm », Axel Honneth has effected a radical change on three levels, considered as epistemological invariants of the Frankfurt critical theory. Our research - by chronologically and rigorously deconstructing each successive model - will seek to identify between conflict (epistemic), detour (conceptual) and third (methodological), both aporiaes and limits of the last model, which paradoxically therefore assigns to his social philosophy, a more normative than emancipatory dimension.
Abstract FR:
Entre 1987 et 2017, le philosophe allemand Axel Honneth a souhaité – s’inspirant du modèle de la lutte pour la reconnaissance réciproque développé par le jeune Hegel – redonner un nouveau souffle à la théorie critique francfortoise, en voulant dépasser les apories du modèle habermassien de « l’agir communicationnel », qui ne s’était en rien montré opératoire, pour contrecarrer les logiques de domination sociale présentes dans toutes les sphères des sociétés capitalistes. Ce faisant Honneth a développé - au cours de trois périodes successives – trois formes paradigmatiques différentes du concept de « reconnaissance ». Si - au cours de ces trois périodes couvrant les trente dernières années - Honneth est resté logique et rigoureux dans son outillage descriptif, si de même l’enrichissement permanent de sa « grammaire morale des conflits sociaux » est resté l’outil principal de ses analyses, les visées épistémologiques et conceptuelles de son modèle, ont elles changé Par le passage du premier modèle de « la lutte pour la reconnaissance » au deuxième modèle d’une « éthique démocratique de la reconnaissance » puis enfin à un troisième modèle (normatif) du « paradigme de la reconnaissance », Axel Honneth a opéré un changement radical à trois niveaux, considérés comme invariants épistémologiques de la théorie critique francfortoise. Notre recherche – en déconstruisant chronologiquement et rigoureusement chaque modèle successif – cherchera à identifier entre conflit (épistémique), détour (conceptuel) et tiers (méthodologique), les apories et limites du dernier modèle, qui paradoxalement assigne dès lors à sa philosophie sociale, une dimension plus normative qu’émancipatrice.