Platon et la sophrosunè : essai sur la notion platonicienne de modération à partir du Charmide
Institution:
Paris 1Disciplines:
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Abstract EN:
The present thesis includes an annotated translation of the Charmides with a detailed commentary and an essay on the platonic notion of moderation, based on the results of this dialogue analysis and considering its implications for Plato's other dialogues, mainly the protagoras, the meni, the republic and the Phaedrus. The difficulty of such a study consists in the fact that the charmides does not seem to be a relevant starting-point for such a research: indeed, what is said about sophrosyne in this short socratic dialogue does not seem to be related to what is said in other ones. The dialogue analysis shows that the specific virtue of moderation is actually the subject matter of the charmides. The essential contribution of this dialogue is as follows : moderation is the virtue of the whole constituting the soul, meant as the principle of immortal thought, which the body is a part of; as a knowledge, moderation necessarily comes along with the praxis of the moderate man, provided that it is not mistaken for any other technics of measurement. When the knowledge of oneself can be defined as the science of itself, it conflicts with socrates's sophia and appears unable to measure itself as well as to measure other sciences, in the absence of the relation to another term than itself- the intelligible- and in the absence of any reference to the soul. Taking the charmides as a starting-point to study the platonic notion of moderation consists in finding out how plato makes up the inner unity (according to essence) of moral, political and intellectual common meanings of sophrosyne ; it also consists in finding out how Plato conciliates politics, education and philosophy.
Abstract FR:
La thèse présentée est constituée d'une traduction annotée et d'un commentaire détaillé du Charmide ; ils sont suivis d'un essai sur la notion platonicienne de modération qui prend pour point de départ les résultats de l'analyse de ce dialogue et en recherche les prolongements dans d'autres dialogues de Platon, particulièrement le Protagoras, le Ménon, le gorgias, la république et le Phèdre. La difficulté d'une étude engagée de cette manière tient à ce que le Charmide ne semble pas un point de départ nécessaire à une telle étude et que ce qui est dit de la sophrosune dans ce petit dialogue socratique parait ne pas avoir beaucoup de rapports avec ce qui en est dit dans d'autres dialogues. L'analyse du dialogue montre que c'est bien la vertu spécifique de modération qui est l'objet du Charmide. L'apport essentiel de ce dialogue : la modération est la vertu du tout qu'est l'âme, entendue comme principe de pensée, immortelle, et dont le corps est partieb; comme science, elle accompagne nécessairement la pratique de l'homme modéré, à la condition d'être distinguée de toute autre technique de la mesure. Quand la connaissance de soi-même est définie comme science d'elle-même, elle s'oppose à la Sophia de Socrate et est impuissante à se mesurer elle-même comme à mesurer les autres sciences, en l'absence de la relation a un autre terme qu'elle-même, l'intelligible, et en l'absence de référence à l'âme. Prendre comme point de départ le Charmide pour étudier la notion platonicienne de modération consiste à rechercher comment Platon constitue l'unification intérieure, selon l'essence, des significations morale, politique et intellectuelle de la notion vulgaire de sophrosyne et concilie la politique, l'éducation et la philosophie.