thesis

Justice et progrès. Droit naturel et justice sociale

Defense date:

Jan. 1, 1996

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Institution:

Paris 4

Disciplines:

Directors:

Abstract EN:

Despite the problem's currency, contemporary philosophy continues to neglect the need normatively to ground social and economic rights. Classical natural law theory offers reflections that can form the basis for an attempt to do so. Since Cicero, natural law has been thought to establish rules of acquisition without referring to community-based justice. Still, it attributes certain rights to non-owners, such as the defense of necessity or the right of adversarial possession and later, with Leibniz, the obligation in equity to cooperate. The young Kant of 1764 radically rejected both serfdom and wage-labor. Natural justice also demanded the creation of poorhouses. Nonetheless, though natural law distributes ownership without reference to any criteria of justice, the dominum terrae confers the innate right of each man to use the earth. Taken out of context, this seems self-contradictory, since this right cannot be enjoyed at once by all. But Kantian and Fichtean property rights rest on a permissive law which structures ownership to allow for the same freedoms to coexist for all, mutually restricted as necessary but in the same way for all. The Fichtean system recognizes the right to own the productive means to work for his personal subsistence, pleasure and leisure. But Fichte avoids the pitfalls that so often accompany the economic planning he advocates. His social and economic model leaves a genuine place for individual initiative and enterprise, as well as freedom to choose one's own life style. More, it allows for the consideration of how economic progress - which demands investment, a growing division of labor, the adaptation of production and work to the market, and so on - can take place within this same framework of justice.

Abstract FR:

Malgré l'actualité de la question du droit, la philosophie contemporaine néglige de fonder normativement les droits économiques et sociaux. La réflexion menée par le droit naturel classique offre les bases d'une telle tentative. Depuis Cicéron, le droit naturel définit l'acquisition de la propriété sans référence à la justice communautaire. Il reconnait toutefois aux non-propriétaires certains droits, tels que le droit de nécessité ou le droit d'usage innocent, puis, avec Leibniz, l'impératif d'équité de coopérer, et, avec le jeune Kant de 1764, un rejet radical du servage et du salariat. La justice jusnaturaliste exige aussi la création d'hospices pour les pauvres. Il n'empêche : dans le droit naturel, la distribution de la propriété a lieu en dehors de tout critère de justice, alors même que le dominium terrae confère à chaque homme un droit originaire d'utiliser la terre. Dans l'absolu, ce droit semble certes se contredire car il est impossible que tous en jouissent pleinement en même temps. Mais le droit kantien et fichtéen, fondé, en matière de propriété, sur une loi permissive, permet de concevoir un système de la propriété qui permette la coexistence des libertés de tous, en les restreignant mutuellement, autant que nécessaire, mais de manière égale pour tous. Le système fichtéen reconnait à tous le droit à une propriété de moyens de production qui permette d'assurer sa subsistance, son agrément et ses loisirs en travaillent. Pour autant, Fichte évite les écueils qui accompagnent trop souvent la planification économique qu'il est amené à préconiser. Son modèle économique et social laisse réellement place à l'initiative et à l'entreprise individuelles, ainsi qu'au libre choix de son mode de vie. Il permet également de penser comment, dans ce même cadre de justice, peut avoir lieu le progrès économique, qui exige l'investissement, une division du travail croissante, l'adaptation de la production et du travail au marché, etc.