Abstract FR:

L'insertion professionnelle des jeunes est traditionnellement observée dans sa dimension individuelle, comme le processus qui va de l'école à l'emploi. Cet objet complexe doit cependant être aussi appréhendé dans sa dimension temporelle et collective. Il faut également prendre en compte l'effet de la période et l'effet de la génération. L'allongement de la phase d'insertion, la dégradation des conditions d'emploi des jeunes qui sont intervenues dans les années 1980 et 1990 doivent être inscrites dans leur contexte économique et rapportées aux générations passées. Une analyse économétrique sur les données de l'enquête emploi de l'INSEE pour 1986, 1992 et 1997 révèle que la position salariale des jeunes rapportée à celle des adultes dépend étroitement de la conjoncture. En ce qui concerne le marché du travail, cela témoigne d'un resserrement des marchés internes. Les nouvelles théories du marché du travail (salaire d'efficience, insidersoutsiders. . . ) Peuvent aussi apporter des éléments d'explication des mécanismes d'accentuation de l'effet d’âge. Mais pour bénéficier d'une vision d'ensemble des interprétations de l'effet de génération, d'autant qu'il met enjeu la génération du baby-boom, il faut également combiner ces approches avec la théorie de la régulation. La transformation des conditions de la production occasionne une modification de la place du facteur travail dans la chaine productive et donc celle de la relation salariale. Néanmoins, la transformation du mode de régulation nous semble encore en cours, le rapport salarial fordiste persistant comme référence. L'étude des situations des jeunes aux États-Unis et aux Pays-Bas confirme l'existence d'une dégradation des conditions d'entrée des jeunes sur le marché du travail et d'un effet de génération. Mais elle révèle aussi que les modèles nationaux d'insertion (insertion concurrentielle contre insertion règlementée) jouent un rôle important dans la transformation plus profonde du marché du travail.