L'usage des amphibologies dans les dialogues de Platon : essai sur l'interprétation pré-philosophique de la différence
Institution:
Paris 4Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Le discours philosophique des protagonistes des dialogues de Platon (Socrate, l'étranger, l'Athenien ou Timée) est troublé dans sa logique par la présence d'amphibologies. On en distingue deux types : celles qui visent simplement l'assouplissement des ressources dialectiques ou la réfutation de l'interlocuteur et celles qui opèrent directement dans l'élaboration des philosophèmes. Relire ces dialogues en faisant la part du credit traditionnellement accorde à leurs protagonistes et en reconsidérant les témoignages filigranes des autres personnages (sophistes, rhéteurs ou poètes comme Homère) permet de déceler une interprétation pré-philosophique de la différence où logique, mathématiques, rhétorique et éthique sont profondément intriquées. Un tel modèle de la différence, caractérisé par la bigarrure (poikilon) se manifeste dans la logique ou l'amphibole fait éclater l'objet de la connaissance dans la rhétorique où sont légitimées des procédures d'énonciation pré-discursives (catalogue, comparaison non-logique, éloge, diérèse nominale, mise en scène du monde dans une phrase métrée); dans l'éthique où il inspire des comportements agonistiques liés à la retenue (aidôs); dans les arts ou l'harmonie se fonde sur un atomisme à la fois impressionniste et mimétique ; dans les mathématiques ou les méthodes (anthyphairesis, arithmo-géometrie) privilégient une volonté contemplative et pourtant sensible. Dans cette perspective, la présence d'amphibologies signale la résurgence des structures poikiliques et amphiboliques dans les procédures discursives de la représentation.
Abstract FR:
The philosophical discourse of the main characters of Plato's dialogues (Socrates, the stranger, the Athenian or Timaeus) is perturbed, in its logic, by the presence of amphibologies. There are two types : those that are simply used to weaken the dialectical resources or refute the person being addressed and those that elaborate directly philosophemas. A careful perusal of these dialogues without concentrating too much on the credit traditionally paid to the main characters and reconsidering the underlying testimonies of the other characters (sophists, rhetoricians and poets such as homer) allow the revelation of the pre-philosophical interpretation of the difference in which logic, mathematics, rhetoric and ethics are deeply interlocked. Such a model of difference characterized by the medley (poikilon) can be seen in logic where the amphibolies split up the topic, in rhetoric where are so justified pre-discursive procedures of statement (catalogue, non-logical comparison, praise, nominal-dieresis, putting on a stage of the world into a metrical sentence), in ethics where it inspires agonistical ways of being based on shame and pity (aidos), in the arts in which harmony is based on atomism, both impressionistic and mimetic, in mathematics in which the methods (anthyphairesis, arithmogeometria) privilege a contemplative and yet sensuous (aesthesis) will. . . With this in view, the presence of amphibologies signalizes the resurgence of amphibolic structures in the discursive methods of representation.