L'éveil et la rupture : Alain et le problème du rationalisme
Institution:
Paris 1Disciplines:
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Abstract EN:
Alain (pseud. For Emile Chartier, 1868-1951) is best known as an essayist or even as a columnist writing papers on politics and ethics for newspapers and reviews. As a philosopher, however, he has produced a considerable work in the field of metaphysics. Far less isolated from his peers than it has often been said, he deals with issues dear to his generation - the "generation of rationalist philosophers" as georges canguilhem puts it. These issues are the importance and the value of science, and the possible applicability of reasonnable (or rational) conceptions to political and moral problems. These trends caracterize the creation of a most influent review of philosophy, the revue de metaphysique et de morale (created in 1893), and the french society of philosophy (created in 1901). Alain publishes his first papers in the former, and he attends a few times the discussions of the latter. So far, Alain's claims concerning mind and reason must be understood in their historical context (which has been rarely studied and poorely understood), according to the canons of what can be called the "intellectual history" of french philosophy during the third republic. These claims are intimately related to and analysis of science. Like most of the philosophers of his time, Alain acknowledges the importance of science despite his argument against non euclidean geometries and einstein's theory of relativity. In his works, he sketches numerous aspects of knowledge, following the cartesian inspiration of "universal knowsledge", which he sometimes calls "the ambition of knowing everything". Nevertheless, his guiding aim is less the purpose of an epistemology than a metaphysical interpretation of science. This is a common attiltude among french philosophers at this time : it defines the "rationalist discussion" which is the center of french thought after lachelier (who publishes on the grounds of induction in 1871).
Abstract FR:
Alain est mieux connu pour ses "propos". Courts articles mis au point pour la dépêche de Rouen et de Normandie, qui relèvent de l'éthique ou de la politique, que pour son travail métaphysique, qui s'avère cependant considérable. Bien moins isole dans son époque que le commentaire ne l'a souvent cru, il partage les interrogations de sa génération de philosophes, ceux que Georges Canguilhem a appelés les "philosophes rationalistes de la troisième république". Ce rationalisme s'ancre dans l'interrogation de la science et de sa valeur, et dans l'application possible de ses concepts aux problèmes politiques et moraux. Il caractérise la création de la revue de métaphysique et de morale en 1893 à laquelle Alain participe à travers ses premiers articles et celle de la société française de philosophie en 1901, ou Alain assiste à quelques discussions. Dans cette mesure, la théorie de la raison qu'on trouve chez lui est étroitement tributaire d'un contexte historique, qui, il est vrai, n'a fait l'objet que de rares études, et d'une compréhension limitée. Il faut alors la ressaisir à travers une histoire intellectuelle de la philosophie française sous la troisième république. Elle apparait intimement liée à une analyse de la science, dont Alain, comme tous les philosophes qui lui sont contemporains, reconnait l'importance essentielle, malgré ses polémiques contre les géométries non euclidiennes et la relativité d’Einstein. C'est pourquoi on trouve de nombreuses analyses relevant de différents champs de la connaissance dans l'œuvre, selon une intention qu’Alain nomme parfois la "connaissance universelle". Il vise moins cependant la constitution d'une épistémologie qu'une interprétation métaphysique de la science. Sur ce point encore, il ne se distingue pas de la philosophie qui lui est contemporaine, qui pose la question de la science dans ces mêmes termes : c'est la définition du "débat rationaliste" qu'on voit se constituer en France à partir de Lachelier. La philosophie politique d’Alain est plus radicalement originale, moins réductible à une "histoire intellectuelle". Pour les philosophes du débat rationaliste (tel Brunschvicg)