L' examen de l'allocation personnelle à la lumière de la doctrine sociale de l'église
Institution:
Aix-Marseille 3Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
Given the persistence of unemployment, poverty, exclusion and the difficulties encountered when trying to reintegrate the most deprived, the capacity of the French approach to tackle this social and economic « crisis » are put into question. For this reason, a growing number of scholars propose another device, based on a redistribution mechanism of social assistance called « personal basic income ». But, in this case, doesn't the social teaching of the church, which is accused of « missing realism » or « vagueness » when dealing with social and economic issues, have an opportunity to seize given certain philosophical affinities? This is the question we would like to answer in this work. First, in order to deal with this question, we have examined the social teaching of the church as well as its principles regarding social life. Web find this in the encyclical, in several papal discourses as well as in some documents issued by council and bischofsconference. These principles of justice are drawn from the tradition of Social teaching. The first thing to note is that this conception of justice aims at the type of universality which expresses itself in the Law. But, Charity expresses itself in the indifference and generosity of each and everyone. However, charitable action, as it is commonly understood, has a « specific » and « free » character. As a social and ethical principle one needs to institutionalise solidarity because social life is a varied organisation and responds to diverses objectives. Moreover, a solidarity which would not be conceived in a universal manner would just be understood differently in different groups and provoke violent competitive behaviour. As a consequence, solidarity and equality (or impartiality) should not be viewed independently of each other to the extent that it is the task of institutions to establish solidarity and the social order. As far as we are concerned we defend the idea that solidarity and charity are complementary. In the second part of this work, we examined whether the personal basic income, proposed by A. Leroux, as a new distribution scheme aimed to tackle poverty can do justice to this complementarity and to what extent it can be viewed as being compatible with the social teaching of the church. The personal basic income is the same for each and everyone. As such, the only task of a mutual insurance company is to redistribute the basic income among its members as the basic income is not given directly to the person, but to the mutual insurance company she chose to adher to. This device requires a close monitoring through a « proximity relation» which expresses itself in a confidential dialogue, as A. Leroux calls it. In the fight against poverty, the social teaching of the church and the device of the personal basic income may be seen as being connected via the personnalist philosophy of E. Mounier. In addition, the church possesses a solid experience in the social domain and, if implemented, would be able to evaluate of the relevance of this device. The church accompanies charitable acts as well as acts performed out of solidarity in an intelligent way by focusing on the dialogue in relations which can be characterized by proximity. No one doubts that the project of personal basic income is based upon a similar logic, notably where participation and benevolence is essential. Our conclusion highlights some limitations inherent in the personal basic income approach and proposes ways to avoid them, notably this involves going beyond the purely monetary solution in order to account for the deep causes of poverty which are multidimensional. As for the mutual insurance companies, they may become a place where the social link, exchange of knowledge and self-fulfilment can go hand in hand.
Abstract FR:
Face à la persistance du chômage, de la pauvreté et de l’exclusion, des difficultés de réinsertion pour les plus démunis et de l’érosion du lien social, les aptitudes du système français à faire sortir d’une « crise » économique et sociale sont contestées. Dès lors, on propose un autre dispositif d’assistance à travers un mécanisme de redistribution des aides sociales appelé « allocation personnelle ». Dès lors, la doctrine sociale de l’Église à qui l’on reproche son manque de réalisme et le vague dans son intervention sur les questions sociales et économiques, n’a-t-elle pas une opportunité à saisir dans ce dispositif compte tenu de certaines affinités philosophiques. C’est en tout cas la question que nous nous posons dans cette thèse. Pour mieux répondre à cette question, nous avons analysé dans un premier temps la doctrine sociale de l’Église et ses principes de la vie sociale. Cette doctrine est exprimée dans les encycliques et les discours des papes, ainsi que les documents des conciles et des épiscopats. Ces principes de justice, l’Église les puise dans l’enseignement du Christ et ses traditions. La justice vise en premier lieu la généralité et l’universel en s’exprimant dans la loi. Alors que la charité peut exprimer le désintéressement et la générosité de chacun. Cependant, l’action caritative, telle qu’elle se donne à voir et à comprendre a son caractère essentiellement ponctuel et gratuit. En tant que principe éthique et social, il faut mettre en œuvre institutionnellement la solidarité dans l’organisation. Car, la vie sociale requiert une organisation très variée et des fonctions fort diverses. D’ailleurs, une solidarité qui ne serait pas universelle ne ferait que constituer des groupes antagonistes et susciter des rivalités voire des oppositions violentes. Par conséquent, avec la solidarité il faut viser l’égalité, l’impartialité dans la mesure où des institutions se révèlent capables d’établir des solidarités et construisent et perpétuent l’ordre social. Pour notre part nous soutenons que la solidarité et la charité restent complémentaires. Dans une deuxième partie, nous avons examiné dans quelle mesure l’allocation personnelle, étant, comme nouvel dispositif de redistribution des aides sociales, conçu pour lutter contre la pauvreté proposée par A. Leroux satisfait cette complémentarité et est compatible avec la doctrine sociale de l’Église. L’allocation personnelle est égale pour tous. Ainsi, l’unique fonction de chaque mutuelle est la redistribution des allocations de base à ses membres car l’allocation de base n’est pas versée directement à la personne mais à la mutuelle de redistribution à laquelle la personne a choisi d’adhérer. Ce dispositif engage tout un travail d’accompagnement qui privilégie une relation de proximité à travers ce que A. Leroux appelle un dialogue confidentiel. Dans cette lutte contre la pauvreté, la doctrine sociale de l’Église se trouve en dialogue avec l’allocation personnelle par intermédiaire de la philosophie personnaliste d’E. Mounier. Par ailleurs, l’Eglise possède une solide expérience en ce domaine social et elle saurait évaluer la pertinence de cette initiative si elle était mise en œuvre. Elle suscite et accompagne les gestes de charité et les démarches de solidarité avec beaucoup d’intelligence en privilégiant le dialogue dans des relations de proximité. Nul doute que le projet de l’allocation personnelle s’inscrit dans cette logique de participation où le rôle des bénévoles demeure essentiel. Notre conclusion mentionne les limites de l’allocation personnelle et propose des mesures notamment celle de dépasser la solution monétaire pour mieux remédier aux causes profondes de la pauvreté dont les caractéristiques sont multidimensionnelles. Quant aux mutuelles de redistribution, elles peuvent être un espace du lien social et du partage de connaissance ainsi que de l’auto-accomplissement.