Aitiologia : Démocrite et la recherche des causes : étude sur la physique démocritéenne et sa doxographie
Institution:
Paris 1Disciplines:
Directors:
Abstract EN:
The aim of this thesis is to examine the Democritean conception of causality in order to answer the following difficulty. Democritus establishes that only atoms and void really exist and that they are the cause of all things. However he forms the project of an aitiologia, an aetiology or search for causes, thus broadening the field of causal explanation to the compounds of atoms and void so as to account for singular and habitual phenomena. The first part is devoted to the study of a first negative doxographical tradition, initiated by aristotle and followed on by his commentators. This tradition seeks to invalidate the very possibility of aetiology in Democritus' philosophy at the same time as it reveals its de facto existence and its intentions. The second part describes the birth and development of two other critical tendencies : the epicurian polemic on the one hand, and the doxographies which underline or limit Democritus' scepticism on the other (in plutarch, sextus empiricus, galen, diogenes laertius). In the third part, two exemplary manifestations of the Democritean aetiology are examined : the explanation of vision and the study of the living. In conclusion, it appears that the Democritean conception of causality cannot be reduced to atoms and void. The search for causes strives not only to relate phenomena to this primary efficiency, but also to reveal intermediary or secondary causes that are only intelligible on the level of compounds.
Abstract FR:
Cette thèse se propose d'examiner la conception démocritéenne de la causalité dans le but de répondre à la difficulté suivante. Démocrite établit que seuls les atomes et le vide sont réellement existants et qu'ils sont causes de toutes choses. Il forme cependant le projet d'une aitiologia, une étiologie ou recherche des causes, élargissant ainsi le champ de l'explication causale aux composés d'atomes et de vide afin de rendre compte des phénomènes singuliers et habituels. La méthode adoptée consiste à analyser la doxographie, qui constitue l'essentiel de nos sources sur la question, en tenant compte de ses intentions interprétatives et critiques. La première partie est consacrée à l'étude d'une première tradition doxographique négative, inaugurée par Aristote et prolongée par ses commentateurs, qui cherche à invalider la possibilité même d'une étiologie à partir de principes tels que les atomes et le vide. Cependant, cette critique reconnait et révèle l'existence, chez Démocrite, d'une explication complexe de l'animation et de la sensation. La seconde partie décrit l'apparition et le développement de deux autres tendances critiques : la polémique épicurienne d'une part, et les doxographies soulignant ou limitant le scepticisme de Démocrite d'autre part (chez Plutarque, Sextus Empiricus, Galien, Diogène laërce). Dans la troisième partie sont abordées deux manifestations exemplaires de l'étiologie démocritéenne : l'explication de la vision et l'étude des vivants. En conclusion, il apparait que la conception démocritéenne de la causalité ne saurait être réduite à l'attribution de toute efficacité aux atomes et au vide. L'étiologie s'efforce, non seulement de rapporter les phénomènes à cette efficacité première, mais aussi de révéler des causes intermédiaires ou secondes qui ne sont intelligibles que sur le plan des composés.